mardi 23 juin 2009

L'enfer d'Inal. Mauritanie l'horreur des camps: note de lecture de Mohamadou saidou TOURE (Thierno)

Note de lecture de Mohamadou Saidou TOURE sur des camps d’extermination de Mauritaniens noirs : L’enfer d’Inal. « Mauritanie : l’horreur des camps. » , de Mahamadou SY L’Harmattan, 2000, 186 pages. Article rédigé en avril 2002 (pendant les vacances de pâques) et publié pour la première fois sur flamnet, site des FLAM (Forces de Libération africaines de Mauritanie). Il a fait l’objet d’une communication dans le cadre d’un colloque organisé en juin 2002 à la Sorbonne par AIRCRIGE (ASSOCIATION INTERNATIONALE de RECHERCHES sur les CRIMES et GENOCIDES). J’ai laissé mon article presque tel quel, en conservant toutes les citations en langue arabe (coraniques ou non), étant donné leur force argumentative évidente pour le public mauritanien, auquel il était d’ailleurs exclusivement destiné.

M.S. Touré
Mise en garde de Mahamadou SY Mr SY a écrit son livre strictement par devoir de mémoire, comme il l'indique dans son avant-propos, loin de tout esprit polémique. Si l'orgueil national de la Mauritanie en prend un sacré coup, son témoignage factuel n'y est pour rien. C'est, comme le dirait Stendhal, "un miroir qu’on promène le long d’un chemin », dût-il avoir l'impudeur d'en montrer la face hideuse. Auteur : SY, Mahamadou (rescapé miraculé d'Inal, un camp d'extermination de «Négro-mauritaniens») Titre : L'enfer d'Inal. «Mauritanie l'horreur des camps.» Paris, éditions L'Harmattan, 2000, 186 pages. Le livre de Mahamadou SY a ceci de singulier que le récit circonstancié des faits qu'il relate en ralentit d'entrée de jeu la lecture. Non pas que le précieux témoignage oculaire de SY, rescapé miraculé d'un camp d'extermination de «Négro-Mauritaniens», ne vaille pas la peine d’être lu. C'est que les actes de barbarie décrits, à nuls autres pareils, ont trop mauvaise haleine pour tenir en haleine la curiosité du lecteur qui, au bout de quelques pages, est bien obligé, sinon d'arrêter définitivement sa lecture, du moins de la suspendre : une réaction naturelle à la lecture de faits qui relèvent du MAL ABSOLU, que seule est capable de commettre la plus basse extraction humaine. En l'Homme cohabitent, en effet, de manière antithétique LA SUBLIME VERTU et le PLUS IGNOBLE VICE : «Très certainement, Nous avons créé l'homme en la plus belle stature. Ensuite, Nous l'avons renvoyé au plus bas des bas», souligne le coran. «laqad khalaqnâ al-insâna fî ahsani taqwîmine soumma radadnâhou asfala sâfilîna», (sourate : at-tîni ; versets : 3 et 4). Ce qui donne des sueurs froides au lecteur et le révulse, c'est autant l'outrance de bourreaux illuminés et obnubilés par leur religion haineuse qu'un certain outrage à l'HUMANITE : déshumanisation des prisonniers que la féroce bestialité des tortionnaires désigne comme des victimes expiatoires d'un massacre justifié au nom d'une certaine mystique ethnique et nationaliste de «l'hominis arabis» ; déshumanisation des bourreaux eux-mêmes, abêtis et avilis par leur haine irrémissible et dégradante. Il ne s'agit pourtant pas d'une oeuvre de fiction dans la veine des «cercles infernaux» dantesques, où le sadisme le dispute à la cruauté. Encore que les hôtes de Pluton (Dieu des enfers) chez Dante sont châtiés après leur mort et pour leurs péchés dans l'ici-bas. Ce dont se fait du reste l'écho le coran : «Puis, ce jour-là, on ne manquera à personne. Et vous ne serez payés que de ce que vous oeuvriez» «fal yawma lâ touzlamou nafsoune chay'ane fa lâ toujzawna illâ mâ kountoume ta 'maloûna» (sourate 36, yâssîne; verset : 54). Il ne s'agit pas non plus d'un récit de la « Jâhiliyya ﻟﺠﺎﻫﻟﻴﺔ ﺍ », l’époque anté-islamique considérée avec dédain par les musulmans. Encore qu'à cette époque, l'éthique chevaleresque du Bédouin de l'Arabie reposait sur le «mouroû'a ﻤﺮﻮﺀﺓ» (sens de l’honneur ; virilité) qui exclut tout acte de lâcheté, le «hilm ﺣﻟﻡ » (maîtrise de soi ; mansuétude) qui exclut toute infamie et le «zarf ﻇﺮﻒ » (Courtoisie ; finesse d’esprit), qui est aux antipodes de la sauvagerie des bourreaux que nous décrit Mahamadou SY. Il ne s'agit rien de plus que de notre Mauritanie contemporaine régentée par une engeance infecte qui a pour noms Sidi Ahmed Ould Boïlil, Cheikh Ould Mohamed Salah, Sidi Ould Néma, Ely Ould Dah, Ely Ould Ahamad, Rava Ould Seyid, Ould Demba, Yezide Ould Moulaye, Khatra Ould Mohamed Aghib, Souleymane Ould Eleyatt, Mohamed Ould Sidi, Sidina Ould Bouya, Tourad Ould Abd Samed et autre ramassis de vandales sans foi, ni loi, qui sont les rouages d'un système prétorien incarné par Ould Taya : Nous sommes au mois de septembre 1990. Déjà à Boghé, dans le sud de la Mauritanie, l'épuration ethnique bat son plein. Mahamadou SY, l'auteur de L'enfer d'Inal, avait, un an auparavant, eu vent d'une imminente extermination des militaires «négro-Mauritaniens.» Le soldat qui lui avait donné cette information avait «un jour entendu le lieutenant Mahfoudh dit Deuf, de la première région militaire, à Nouadhibou, faire des confidences à un autre officier maure (....) le soldat était sous un véhicule pour un petit bricolage. Le lieutenant avait entraîné son collègue à côté du véhicule et dit au cours d'une conversation : «pour les militaires kwars [«Négro-Mauritaniens»], ce sera l'année prochaine ; après, il n'y en aura plus.» Toujours est-il que lorsque l'on arrête Mahamadou SY le 10 novembre 1990 à la Gerra à environ 8 km de Nouadhibou, qu'on le conduit à Wajeha, (à 12 km), puis à Inal (à 255 km de la capitale économique), la perspective d'un crime planifié et organisé à une large échelle ne lui effleure pas encore l'esprit : «je suis loin de me douter que le pouvoir mauritanien a tout simplement décidé de passer à la vitesse supérieure dans sa politique d'épuration ethnique du pays et que je vis ici les premiers moments de ce qu'on a appelé, en d'autres temps et sous d'autres cieux [l'Allemagne nazie], «la solution finale.». J'ignore aussi qu'en ce moment même toutes les casernes militaires du pays sont transformées en camps de concentration.» page : 46. Pas même le suicide prémonitoire du sergent-chef Mamadou Samba SY peu avant les arrestations des militaires «Négro-Mauritaniens» ne lui met la puce à l'oreille. Le sous-officier, qui aurait vraisemblablement surpris ses chefs s'entretenir de leurs imminents forfaits éhontés, meurt en laissant un mot, dont le sens était à peine énigmatique : «Je préfère mourir plutôt que de me laisser persécuter par des chiens.» Cependant, très vite, Mahamadou SY prend les choses à leur juste mesure. Traité sans ménagement par des soldats qui le somment d'enlever son «ceinturon», ses «épaulettes» et ses «rangers», il est solidement attaché et roué de coups, avant d'être embarqué manu militari dans un camion, les yeux bandés : «je suis littéralement soulevé de terre et jeté dans un camion où j'atterris sur d'autres militaires ficelés comme moi (...) Nous sommes entassés les uns sur les autres et serrés comme des sardines et n'avons aucune idée de notre destination. Les gardiens nous tabassent tout le long du parcours. Je commence à me faire une idée précise de ce qui nous attend. Deux ou trois fois, le camion s'arrête pour embarquer d'autres prisonniers ou pour permettre aux gardiens de se débarrasser de cadavres de prisonniers morts asphyxiés sous le poids de leurs camarades. Nous ne voyons rien et par conséquent ne pouvons savoir avec exactitude de qui il s'agit. Une fois, je sens contre mon pied le contact froid d'un corps qu'on tire.» page : 21. Arrivés à Inal, le ton est donné dès l'abord par une vile créature, le capitaine Sidina Ould Bouya, dont les propos sans ambages édifient les prisonniers sur le véritable mobile de leur arrestation : «Sales Juifs, on vous aura tous ; même vos médecins seront là demain, tous vos cadres seront ici, pas un de vous ne restera dans l'armée !» Coupables seulement d'être nés «Négro-Mauritaniens» (c'est-à-dire «sales Juifs»), on ne s'embarrasse pas de scrupules pour échafauder des chefs d'accusation aussi grotesques que ridicules contre eux : - Au médecin capitaine KANE Hamedine il est «reproché de détenir dans l'armoire à médicaments de son bureau, comme tous les médecins du monde, un produit dont le flacon porte la mention «dangereux» (!!) - Quant au «vieux Dem», «septuagénaire édenté», vendeur de cure-dents au marché de la capitale, on lui reproche d'avoir voulu fomenter un coup d'Etat ; or, rétorque-t-il amer : «moi faire un coup d'Etat ! Je n'ai plus qu'une seule dent et ne peux même plus faire peur à un morceau de pain.» (page : 63) - «Certains prisonniers civils n'ont même pas été interrogés. Ils ont simplement été arrêtés, torturés et conduits ici. Bien sûr, ils ont signé les papiers qui leur ont été présentés, sans plus. C'est seulement maintenant qu'ils se demandent ce que pouvaient bien contenir ces feuilles. Ils ne savent ni lire, ni écrire.» (page : 163 ) - les accusations formulées contre les militaires sont également un jeu de dupes. Certains sont accusés d'avoir voulu «marabouter» le colonel Ould BOÏLIL, d'autres d'entretenir des relations avec les FLAM (Forces de libération Africaine de Mauritanie) etc. - Mahamadou SY, l'auteur du livre, est accusé, pour sa part, d'avoir protégé des Sénégalais lors des événements sanglants d'avril 1989 et parlé leur langue, le wolof ( !!) : «J'étais loin de me douter que le fait de parler aux gens dans leur langue ou de ne pas les torturer représente une faute grave aux yeux de mes chefs. Aujourd'hui, un an et six mois après, le lieutenant Yezid me le sort comme chef d'accusation. Je suis en train de payer pour la souffrance que je n'ai pas su infliger aux autres.» ( !!) page : 44. L'enjeu de la qualification juridique des crimes, imputés à tort aux inculpés, est donc, comme nous le constatons, d'abord sémiologique. Pour que le massacre des Négro-mauritaniens eût une LEGITIMITE ABSOLUE, il fallait restructurer le réel, donner aux signes un nouveau contenu : d'où la judaïsation des victimes. La « conscience de soi » (cf HEGEL) des bourreaux, pour avoir bonne conscience au contact avec l'altérité, l'investit d'un nouveau signifié- la judaïté -, lourd de toute la sédimentation anti-sémite qui formate le nationaliste arabe de quelques esprits obtus et haineux. Ce maladroit tour d'illusionnisme sémiologique jette sans doute de la poudre aux yeux de ceux qui ont besoin d'avoir une solidarité ethnique ou «organique» avec les bourreaux ; mais, il faut plus qu'une rhétorique de prestidigitateur pour trouver en l'opinion internationale ou en tout homme sensé le dindon de cette farce, qui a été démasquée sous d'autres cieux. La légitimité du massacre des Négro-mauritaniens sanctifiée (acte 1), les bourreaux, qui saisis par une délectation morbide, qui par une haine inextinguible, commettent à qui mieux mieux des actes de sauvagerie (acte 2) : peu importe que ce que les bourreaux considèrent comme des « titres de gloire » («al-mafâkhir ﻣﻓﺎﺨﺮ ») soient plutôt des « titres d'ignominie » («al-massâlib ﻤﺛﺎﻠﺐ ») De même les tortionnaires, en postulant une altérité religieuse dépréciée, développent une attitude appropriative du DIVIN, de même leurs victimes, comme mues par un élan de repossession de leur identité islamique niée, impriment leurs actes d'un sceau religieux (acte 3) : «nous essayons d'organiser et de meubler le temps. La prière constitue notre occupation primordiale, souligne Mahamadou SY. Sow Ibrahima fait office d'imam. Il préside les prières collectives, tandis que Sall Amadou Elhadj s'occupe de la traduction du coran et des hadiths. Les prières se poursuivent très tard dans la nuit.» (page : 86) Mais, comme nous l'avons souligné, entre les bourreaux et les victimes, il y a un fatal dialogue de sourds basé sur l'abêtissement, la négation de l'être des prisonniers en tant qu'HOMMES. Aussi, les bourreaux n'ont-ils cure des jérémiades de «Sales Juifs», dussent-ils invoquer Allah : «Il en est de ceux ont été chargés de la Thora, puis ne l'ont pas portée, comme de l'âne qui porterait des livres». «massalou al-lazîna houmiloû at-tawrêta soumma lam yahmiloû hâ kamassali al-himâri yahmilou asfârâ.» (sourate : al-joumou 'a , 62 ; verset :5) On comprend alors cette rage hystérique qui normalise la violence, mais qui est naturellement étrangère à l'éthique de l'homme policé : «Des autres baraquements à ma gauche montent d'autres cris. Une des ces voix répète sans cesse «lâ illaha illa Allah (il n'y a de dieu qu'allah) Cette formule semble attiser la colère de son tortionnaire, elle est ponctuée de gémissements consécutifs aux coups que reçoit la victime. Le tortionnaire veut imposer le silence à sa victime, celle-ci invoque l'aide divine.» (page : 34) Dès lors, le contact, brutal, avec le hassaniyya (dialecte arabe et langue des geôliers) n'est pas placé sous de bons auspices. Les pensionnaires des camps d’extermination, locuteurs maternels d'autres langues, apprennent bien vite, selon une pédagogie (la torture), dont ils eussent volontiers voulu être exemptés, un vocabulaire arabe décliné sur le mode injonctif de l'impératif et qui ressortit au champ lexical de la haine : «vreikh !», «roud !» ; «amlouh !» Cependant, la langue arabe trouve grâce aux yeux des prisonniers en butte à la bestialité de leurs geôliers. Leur foi religieuse névrotique fait l'amalgame entre un accessoire phonétique (problèmes liés à la prononciation des versets coraniques, inhérents à l'articulation des arabophones non maternels) et la foi véritable. Ainsi, entendant un conciliabule de soldats qui voulaient convenir d'une heure précise pour attenter à sa vie, Mahamadou SY vit phonétiquement sa plénitude islamique : "ils se donnent rendez-vous pour une heure du matin (...) Rien n'a plus d'importance. M'appliquer dans la prononciation des versets et veiller à ne pas les déformer sont mes soucis du moment. Je me prépare à la mort. Ils peuvent venir maintenant s'ils veulent, je suis déjà prêt." (page:80) Sans doute faut-il toujours s'ingénier à prononcer correctement les langues que l’on apprend ou que l’on parle; mais, il est de notoriété publique que la tendance générale, lorsque qu'on parle une langue étrangère, est de remettre involontairement en cause certaines de ses distinctions phonologiques: ce n'est pas pour rien que les Arabes appellent leur langue "loughghatou ad-dâd", du nom d'un « d» emphatique vélarisé, [ ﺾ ], qui est un vrai casse-tête phonétique pour les étrangers. D'ailleurs, la dialectologie de l'arabe révèle que ce son est réalisé comme une interdentale sonore ("az-zâ'ou" ﻇ ) dans certaines parties du monde arabe (Tunisie, par exemple.) Plus qu'un banal problème phonétique, il s'agit d'un sentiment plus général de "diminution" de soi devant le CIVILISATEUR «BLANC», dont la superstructure totalitaire est sublimée par le NOIR: c'est le phénomène de "lactification du monde" que décrit brillamment Frantz FANON. A cette pathologique "rétraction" du moi du dominé, dont la conscience est inhibée par des rapports de force historiques aliénants, un seul antidote : "conscienciser l'inconscient" de l'aliéné, selon Fanon. Il s'agirait, pour le Négro-mauritanien qui considère l'islam comme "un horizon indépassable", d'ETRE L'AUTRE en RESTANT SOI; plus précisément, de RESTER SOI en ETANT L'AUTRE de manière contingente. Il faut, en somme, avoir un regard ironique salutaire. SENGHOR, chantre et théoricien de "Négritude et arabité", "Négritude et Normandité", etc., dirait: "assimiler, non être assimilés." Ce hiatus entre l'attitude centripète des prisonniers en quête permanente d'une référence centrale commune (ALLAH) et celle, centrifuge, des bourreaux qui les en bannissent, a partie liée aux travers de certains "Seigneurs du Désert", que le Coran ne stigmatise guère moins que par un superlatif: «Les Bédouins sont les plus forts en mécréance et en hypocrisie, les plus propres aussi à méconnaître les bornes dans ce que Dieu fait descendre sur son messager.» "al'a'râbou achaddou koufrane wa nifâqane wa ajdarou 'allâ ya'lamoû houdoûda mâ 'anzala al-lâh 'alâ rassoûlihî". ( Sourate at-tawba, numéro 9, verset 97) Lorsque cette perdition se double chez le bédouin de fraîche date d'une crise identitaire, la classification, entre la race humaine et celle des camélidés, est étonnamment brouillée. Ainsi, chamelier impénitent devant l'ETERNEL, Ould Demba attache Mahamadou SY comme un dromadaire, tel qu'il le tient de ses maîtres: "Cela ne m'exempte bien entendu pas de ma séance d'étranglement par le caporal. Je suis ensuite couché sur le ventre, pieds et mains reliés dans le dos. Le caporal Ould Demba serre les noeuds du mieux qu'il peut et dit: "c'est comme ça que j'ai appris à attacher les chameaux récalcitrants." Ils s'en vont satisfaits de leur travail. Les cordes sont si serrées, qu'en quelques minutes le sang ne circule plus dans mes veines et mes pieds. La douleur est si insupportable que je ne tarde pas à crier de toutes mes forces. (...) [Le sous-officier Jemal Ould Moïlid] ordonne cependant qu'on me les desserre (...) Je viens, sans le savoir, d'échapper à une mort lente, mais certaine." (pages:58-59) Déboussolé à cause des errements sanguinaires des bourreaux, le lecteur "perd un peu de son arabe" et arrête net sa lecture: "On m'asperge d'eau sale et puante. J'entends un moteur tourner et sens un goût âcre de fumée de gasoil au fond de ma gorge. Le camion, une Mercedes type 11/13, se met à rouler. J'essaie de suivre en courant, mais cela ne peut durer longtemps avec des pieds enchaînés et qu'en plus il faut courir à reculons. J'ai le dos tourné au camion et ne tarde pas à être traîné (...) Je suis redressé et attaché à la portière arrière du camion." (page : 95) Mahamadou SY vient d'échapper encore miraculeusement à "une mort certaine"!! "L'épreuve des voitures" consiste à obliger un prisonnier, solidement maintenu par une corde derrière un camion, à courir "à reculons", avant d'être traîné par le véhicule, qui roule à vive allure!!! Toujours pas remis du tournis des faits abominables de l'univers concentrationnaire d'Inal, le lecteur renoue avec le fil d'Ariane de la narration macabre, qui le conduit cette fois au camp de "Jreïda", "à une trentaine de kilomètres de Nouakchott," où, avec d'autres militaires, Mahamadou SY finit par être transféré. La situation carcérale y est, malheureusement, rigoureusement la même que dans les autres camps d'extermination du pays. Pour vous édifier, voici un panel sur le tableau de chasse funeste des "Mors-rient-âniens" ou bourreaux: - PRISONNIERS ENTERRES VIFS !! Ely Ould Dah et le lieutenant Samory Ould Youmbaba "demandent aux suppliciés de recopier des aveux qu'ils leur dictent. Beaucoup de prisonniers sont morts sous la torture ou sont enterrés vivants (!!) sous le regard indifférent de ces deux officiers." (page: 161) - AVEUGLES, PUIS ENTERRES VIFS !! "Le sergent-chef Anne Abdoulaye est aveuglé et paralysé. Ses deux jambes ont été brûlées sur un bûcher et des tisons ont été appliqués sur ses yeux." (!!!) - MORTS TRAINES A TERRE PAR DES VOITURES !! "Le sergent Amadou meurt tracté derrière un véhicule." (!!) ( page:171) - ENTERRES JUSQU'AU COU ET ABANDONNES !! Le sergent GAYE Dahirou "a été arrêté et torturé par le lieutenant Ely Ould Dah, le sergent Merzouk et un sous-officier, l'infirmier Abdy Ould Mohamed (...) Ils l'ont enterré jusqu'au cou et laissé sous un soleil ardent." (!!) (page: 173) - MORTS PAR ELECTROCUTION !! Le lieutenant Saré fut arrêté en fin novembre et mourut électrocuté une semaine plus tard."(!!) (page :158) Entre les psychopathes de Jreïda et ceux d'Inal, c'est "bonnet blanc et blanc bonnet": - PENDUS SELON LES HUMEURS DES ORDURES D'INAL !!! "A Inal, l'adjudant BASS était relié à un autre prisonnier par une chaîne. Souleymane Ould Eleyatt demande à un collègue de détacher le compagnon de Bass pour la corvée de la cuisine. Bass croyant qu'on parlait de lui, demande de quoi il s'agit. Souleymane lui dit de ne plus l'interrompre quand il parle. Bass essaie alors de s'expliquer. Souleymane le traîne vers le hangar, où il le pend purement et simplement. Il est mort à Inal le 24 ou le 25 novembre." (!!) (page : 142) - PENDUS "PAR LES PIEDS" ET FOUETTES A MORT !!! "Ba Thierno a combattu pour la Mauritanie et a payé trois ans de sa vie dans les prisons de l'ennemi pour sa patrie et aurait même pu donner plus (...) C'est aujourd'hui les soldats aux côtés desquels il a toujours combattu au nom de cette Mauritanie commune, ses frères d'armes, qui le tuent dans cette patrie qu'il a si chèrement défendue (...) Comme Bâ Alassane, il [SY Hamet] meurt après un passage aux ateliers. La veille, il a été pendu par les pieds et fouetté presque à mort." (!!!) (page : 140) - BASTONNADE A MORT !!! Souleymane Ould Eleyatt "prend ensuite à plusieurs reprises son élan, comme un tireur de penalty, et vient lui donner un coup de pied presque toujours au même endroit. Le prisonnier crie de plus belle. Souleymane ramasse un bâton, qu'il avait déposé pas loin, et se met à le taper. "Silence, silence, vreikh", crie-t-il. Le bâton se casse; il prend une planche et continue. Il y met un tel acharnement que les plaintes deviennent de plus en plus faibles pour ne devenir que des gémissements; puis, c'est le silence. Alors, Souleymane, essoufflé et trempé de sueur, ramasse sa casquette, tire le cadavre par les pieds, laissant derrière lui une traînée de sang sur le sol; il l'abandonne plus loin, à côté d'un autre corps tout près d'un véhicule et s'éloigne sans un regard pour les autres prisonniers." (!!) (page: 88) Il serait fastidieux de dresser une liste, tant soit peu exhaustive, des crimes, aussi odieux les uns que les autres, commis par les bourreaux. Mais, on ne saurait passer sous silence cette date du 28 novembre 1990 (trentième anniversaire de l’indépendance), qui vit 28 militaires négro-mauritaniens numérotés comme du bétail et pendus froidement par la scélérate soldatesque hitlérienne de Taya, président de la République islamique de Mauritanie. Il faut plus que le talent d'un tératologue ou d'un psychanalyste docteur ès-primates pour s'élever à la hauteur de la pensée de nos illuminés vandales qui, pour magnifier la GRANDEUR DE LEUR NATION, n'ont rien trouvé de mieux que de pendre 28 Négro-mauritaniens ! Cette ritualisation de la purification ethnique, avec une symbolique religieuse des chiffres (28 novembre, donc 28 pendaisons), marque de manière emblématique l'entrée de la Mauritanie dans une ère de racisme messianique contre le péril noir et montre une troublante similitude avec ce que l'on a appelé en Allemagne, dans les années trente, "La nuit de cristal." C'est de Jreïda que le mur du silence sur ces iniquités d'un autre âge est rompu, grâce notamment à Cheikh Fall, qui divulgue le secret des camps d’extermination à la mauritanienne: "un sous-officier, l'adjudant Cheikf Fall, qui travaillait à Jreïda, a dévoilé tout sur les antennes de Radio France internationale. Après avoir assisté aux arrestations et vu les traitements réservés aux prisonniers, Cheikh Fall est envoyé en France pour suivre un stage. Quand il arrive à Paris, il est tellement choqué par la situation qu'il a laissée derrière lui, qu'il décide de dénoncer le racisme d'Etat, la barbarie et les horreurs érigées en règle dans son pays. Sa déclaration est relayée par plusieurs radios. A Nouakchott, c'est la panique générale; on crie au scandale." (page: 164) C'est ainsi que, sous la pression internationale, le 14 avril 1991, à Jreïda "de retentissants coups sont frappés aux portes des cellules. La nôtre est ouverte et une lumière émanant d'une torche se promène sur nous. La voix du capitaine Moctar me parvient à travers un voile de sommeil: "aujourd'hui, c'est la fête du ramadan; en ce jour sacré, le président de la République vous a pardonnés. Le chef d'Etat-major me charge de vous dire d'oublier ce qui s'est passé et qu'en bons musulmans, vous devez mettre tout cela sur le compte de la fatalité. (...) je lui réponds: "il est vraiment très fort, le président; il nous arrête, nous torture, nous tue et c'est lui qui nous pardonne!" (page: 167). Les paroles du chef de l'Etat-major se passent de commentaire. Passé maître dans l'art consommé de manipuler opportunément les signes (judaïté et islamité circonstancielles des Noirs de Mauritanie), le pouvoir mauritanien ruse même avec la linéarité du temps. Pour cela, un seul artifice: s'extraire de la temporalité commune des HUMAINS, avec son système éthique rigoureux fait de droits et de devoirs, et opérer une parenthèse temporelle (le temps que dure le massacre des "sales Juifs".) Une fois l'hécatombe accomplie, l'appétit meurtrier assouvi, comme par un coup de baguette magique, l'HISTOIRE reprend son cours : les Noirs mauritaniens cessent d'être de "sales Juifs". Le mécanisme élémentaire du fonctionnement de cette BELLE IMPOSTURE ayant montré ses limites, il faut refonder la Mauritanie sur un autre socle que celui des simples rengaines patriotiques creuses (que les instituteurs s'évertuent à inculquer aux enfants de l'école primaire) autour d'une certaine "NATION mauritanienne", dont tout le monde sait qu'elle n'existe pas : «Bi haqqi al-kitâb wa haqq al-watâne!», «au nom de la vérité du Livre et de la patrie (ou de la nation)» ﺑﺤﻖ ﺍﻠﻛﺘﺎﺐ ﻮﺤﻖ ﺍﻠﻮﻄﻦ Oublié l'âge romantique de mon enfance scolaire, celui de mes "'assâtîza ﺃﺴﺎﺗﺫﺓ" (maîtres) : "Hâzâ 'akhîrou nawminâ Bilâdounâ lâ tachtakî Chabâbounâ Noufoûssounâ,'arwâhounâ.... Koulloune lak!" "Cet [instant] est le dernier de notre sommeil ! Notre pays, ne te plains pas ! Notre jeunesse Corps et âme T'es dévouée !" Mohamadou saidou TOURE

Source : avomm

mercredi 17 juin 2009

Plaidoyer pour le ’’procès international’’ de l’ancien président

Le Collectif mauritanien pour le respect des conventions et protocoles internationaux relatifs aux réfugiés a plaidé mardi à Dakar la traduction en justice de l’ancien président de la Mauritanie Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, accusé d’avoir ordonné l’assassinat de 540 officiers négro-mauritaniens entre 1990 et 1991.
‘’Le dictateur (Taya) a profité d’un contexte international où tous les yeux étaient rivés sur le Proche-Orient, avec l’invasion du Koweït par l’Irak, pour assassiner 540 officiers négro-mauritaniens de l’armée, entre novembre 1990 et janvier 1991’’, lit-on dans un document distribué lors d’une conférence de presse du Collectif, à Dakar.M. Taya, ministre de la Défense puis Premier ministre, était arrivé au pouvoir en Mauritanie par un coup d’Etat qui le porta à la tête du pays pendant 21 ans. Il a été renversé en août 2005 lors d’un putsch organisé par le colonel Ely Ould Vall et vit depuis lors en exil au Qatar
PMaaouiya Ould Sid’Ahmed Taya est responsable de la ‘’déportation’’ de 314 personnes civiles dont des pêcheurs, en 1989, ainsi que de la ‘’détention au secret’’ de plusieurs Mauritaniens, estime le secrétaire général du Collectif.
Des démarches sont en cours pour aboutir à la tenue du ‘’procès international de celui qui a commis des crimes contre l’humanité’’, lit-on dans le document.
’’Il y a eu les journées de concertation nationale en novembre 2007 en Mauritanie. Et, nous nous étions entendus que les auteurs d’exactions’’ sous le règne de M. Taya ’’devaient être jugés’’, a argué Amadou Ndiaye.
Il a été constitué un comité de suivi ‘’des plaintes déposées auprès des juridictions internationales’’ contre l’ancien chef d’Etat, a dit M. Ndiaye.
Il a ajouté que des plaintes ont été déposées contre Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya en Belgique, aux Etats-Unis et auprès du Haut commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR).
Pour l’instant, l’ancien chef d’Etat n’est poursuivi par aucune juridiction internationale. Certains de ses proches sont aussi visés par le Collectif.
‘’Nous souhaitons que lui et ses lieutenants soient jugés par des tribunaux internationaux à compétence universelle, comme les juridictions belges’’, écrit le Collectif mauritanien pour le respect des conventions et protocoles internationaux relatifs aux réfugiés.
Les plaignants invitent ‘’l’Etat mauritanien à collaborer avec la justice internationale’’, soulignant ‘’l’impérieuse nécessité de rendre justice sur ce dossier.’’
ESF/ADAgence de Presse Sénégalaise

Source : APS (Sénégal) - Le 16 Juin 2009

mardi 16 juin 2009

meeting AJD/MR à cansado

Ecoutez l'intervention du Directeur de Campagne

MÉPRISÉS

Vous qui vivez dans le dénuement, hébétés,Transpirant dans vos maisons pleines d’anxiété,Ni table, ni de quoi boire et manger à satiété,Considérez que, si c’est un homme privé de son humanitéQui trime dans la boue, sans repos dans l’adversitéQui rue sur un oui de la bassesse et de servilité,Et qui meurt pour un non qui défend l’égalité.Oh ! Femmes debout, armée de ta cordialité,Vient militer avec ton savoir et ta sagacitéDéfier les masochistes qui croient à ton inférioritéSans perdre ton nom, tes yeux aux éclats de fidélitéAvec l’homme pour le triomphe de la liberté.Cet idéal qui te régénère porteur de vitalité,Efface l’oubli, t’aide à résister à la fatalité,Remplit tes yeux de lynx qui surveillent la sécuritéEt tes seins, boulets plaisants, sans aspérité.Non ! Nous n’oublierons pas notre passé amputé,Bien qu’il soit frappé du sceau de la nullité.Nous y penserons dans la rue, bien qu’irrités,En nous couchant, en nous levant, en non butés,Nous le répéterons à nos enfants avec une forte tonalitéQue les vagues de l’aliénation ont ballotée,Non pas comme une grenouille en hivers raté, Ou réussi, mais comme un lion, sur sa proie, arc-boutéDe prendre la relève avec courage et pugnacité.Il a assisté à la cérémonie des Juifs électrocutésOu gazés, alors qu’il oublie celle de ses frères persécutésTraqués, humiliés, spoliés et déportés,Que Taya employa longtemps pour sa génialité,Et comme gourou exécutait dans l’ombre, des atrocités.Ils nous traitèrent comme des ânes bâtés,Comme des sous-êtres, noyés dans la gentilité.Oh ! Mes frères qu’avez-vous faits pour être persécutés ?Oh ! Mes sœurs qu’avez-vous faites pour être dépiautées Et que des Donquichottes s’acharnèrent sur vous avec bestialité ?Non ! Je n’oublie pas. Il faut que cesse l’impunité !Et qu’on se rappelle, ne serait-ce qu’une nuitée,De notre Shoa pour rallumer notre humanité, Repoussoir indéniable de l’animalité,Notre Shoa que les méchants ne veulent ébruiter,Pour nous aliéner, nos langues sont rejetées,Nos cultures sous estimées et barbarement ligotées.Encore des flibustiers vendent le noir, comme du pâté,Le maintiennent comme esclave, sans le regretter.Ils ventent leur pureté et supérioritéAu nom de l’arabité et de sacrée islamité,Qu’ils ont éclaboussé par leur vanité.Mais, l’arabité et la foi, je ne cesserai de respecterY compris tout homme qui ne cherche à m’étiqueter,A me confondre, ou me fondre dans la mauvaiseté,Ni considérer mes us et coutumes comme impureté,A flétrir ou à ramollir mon honneur et ma fierté.Pourquoi suis-je relégué dans la marginalité,Alors qu’on ne cesse de prêcher l’entente et l’unité ?L’hypocrisie ne rime nullement avec religiosité,Et l’injustice est un poison de la fraternité.La concorde disparait là où s’efface l’égalité,Dieu m’a créé, m’a doté d’une sagesse et dignitéQui les reconnaît, je respecte son humanité,Qui les piétine, sentira ma férocité.Je chanterai le « Gumbalaa » pour sauver mon identitéEt celle de l’autre pour enrichir notre Mauritanité.Résolvons notre cohabitation avec équité.Pour affermir notre entente et fraternitéEn acceptant gaiement nos singularitésLoin de nous nuire, elles embellissent l’humanité.Comme l’œil, où le noir et le blanc, forment l’unité,Qui permet d’admirer la beauté de la diversitéEt ensemble de magnifier notre Divinité,Allah, l’UN, Maître absolu de toute créativité,Pour qui, la noblesse et la supérioritéNe se mesurent qu’à l’aune de la piété.Il hait les hypocrites, chantres de la perversité,Aime les fidèles qui agissent avec justice et humilité,Pour obtenir la grâce du jour de l’Eternité,L’islam, religion immuable, n’est que VERITEQu’on ne doit pas utiliser pour légitimer l’inégalité,Imposture, fourberie, mensonges et insanité,Elle est LUMIERE qui dissipe les nuages de l’obscurité,La Guidée qui attire vers la béatitude et la pureté.
Nouakchott, le 12 Avril 2009
Mourtoudo Diop
Poème inspiré suite au fameux discours à l’UNESCO du colonel Ely à Paris le 27 mars 2009 lors
de la commémoration de la Shoa.
source : flamnet

lundi 15 juin 2009

Murtudo yahii waynaaki, yawnaaki

Kaaw Tokosel Tuure-Jowol


So maayde waajaaki holi ko waajoto?
Dum ko Murtuɗo Joob wiyno
Somi wirtiima genaale, mi miijo ɓe kam ceerti e penaale,joobinooɗo fof maa male,sabu alaa ko yoɓetee so wonaa baɗle.Dum kadi ko Murtuɗo Joob yimno.
Sabu gorko jom tenngaade ina annduno
aduna wonaa so wonaa mehre.
Alaa ko heddoto so wonaa golle e baɗle.
Amo annduno mo aduna fuunti fof ma fuuynu.
Kadi mo aduna jalni fof maa woynu.
Ko kanko laatino Gawlo miskineeɓe.
ko kanko wiyno ko min murtuBe kono min ngonaa ɓurtuɓe.
Ko kanko kadi wiyno ɗemngal ko fittaandu lenyol,
ɗemngal ko daabaa pinal.Ko kanko wiyno Alaa min caltiima.
Ko kanko wiyno, holi no leydi amnorto?
holi no leydi mahorto?
taw ɓe ko laamotooɓe, ɓe ko laamateeɓe,
ɓe ko waɗɗotooɓe, Be ko waɗɗateeɓe.
Ko kanko wiyno en caltiima e muritani
laamu puccu e baɗɗotooɗo e ndi leydi
Ko kanko wiyno en caltiima laamu,
"poɓɓee, poɓɓee, pokkitee". Ko kanko wonno mbir wuro e ladde,
ko kanko tigi woni koɗo subaka
jom wuro naange e hoore.
Golle e balle Baaba lenyol hannde mi haala
kono hay so en nyalli en mbaali en ngaynata.
Bure makko e ɓure nelaaɓe ngoɗɗondiraani.
maɓe mbiy en ɓurtinii maa en ngoofii
kono kaalɗen ko, ko goonga ina woodi.
Lenyol fof e nelaaɓe mum e waliyaaɓe mum,
Murtuɗo wonnoo nulaaɗo fulɓe Afrik mum.
Ko kanko wonno jannkiniiɗo mo hono mum heewaani
giɗo lenyol, giYum kala Binngel ngenndi. O mawnikinaaki o haawtaaki o hiiwtaaki.
Kala ko o annduno o jeyno o rennda.
Ko kanko tigi nawdi golle e haala.
O jaɓi wiyeede huywere lenyol
ngam yooltude e momtude gonɗi lenyol
ngam yaltinde e niɓɓe majjere e humambinndaagal.

Ko kanko wonno mo alaa ko yiɗi,
mo yiɗaa won´de nde lenyol makko wonaani.
Sabu ko o palkisiiɗo jawdi aduna no boloŋaaji.
O ndaraani wutte, o ardinaani wuttulo.
O wutti fenaande o aawi manoore.
Lenyol men goongɗinɗo,
goonga tan kaɓanteeɗo.
Mo Daminaaki waɗde mo hulaani.
Ko o ceerno mo saggitaake ,
ko o naalannke. Ko o yimiyannke,
ko o miijiyanke, ko o haaliyannke,
ko o daariyannke, ko o jalniiɗo,
ko o jalnoowo, ko o jeewtoowo,
kala ɗo o woni nyiire ina Saaɗa,
nofuru ina welto, yitere ina jannga, junngo ina foɓɓa.
Murtuɗo taaniragel Hammadi ngunndo to mbaany sammba
aan woni Hammadi wuro e ladde,
lenyol men fof ceeɗtiima.
Waɗde poɓɓee, poɓɓee, poɓɓee, no keewnoɗaa wiyde. Murtuɗo ko jom fiɓnde, o wuuri dariiɗo, o maayii dariiɗo. Mbabba ndimaagu e kaaraysiwaagu. ko o sofaa mo fooftotaako, mo gantotaako, mo yoɓaaki no ɗum fotantami, mo naamnaaki no ɗum foti. Muritani woyii kadi maa woye lebbi e duuBi sabu ko baasal mawngal ngal alaa jaasi. Pulaar waasii, fulɓe njaakii. Bawdi pusii, tabbaleeji ceekii, gure njeewii. Murtudo mo alaa galle so wonaa leydi mum.Mo alaa suudu saka joom suudu mumsabu yarlitanaade lenyol mum. Murtuɗo honoma weeɓaani. A woppi baayeeji, a woppii hesniiBe, a woppi jom deedi e hulɓe deedi e nder ladde tulaa helaa, ladde pobbi e baroode.A woppi min e nder maayo luggo, ɗo nguurndam liɗɗi, mbawngu kala toɗɗo mbaawaangu. Murtuɗo a yahii nde fotaani sabu ko hannde lenyol ngol soklu ma. Ko hannde hare nde tuuyama. Kono binndi ma e banndaaji ma amin moofti.Mamin car, mamin caak,mamin njayyin , mamin lollin,seydi Joob hare koko jokki.Innde ma wontanii min jimol. Golle ma ngontanii min daartol,Haala ma wontanii min lohol,Lowre ma wontanii min kiwal,A haBiima laamu kolonyaal,A haBiima laamu kiiBal,A haBima laamu fetel. A firtaani aadi. A jamfaaki ngenndi.Eskeey ma Murtudo! taare ma ngenndiyaanke!Aan dey koa dokke kadi koa jom dokke. A mawninaani kufune, a yuufnaani becce. Murtudo a murtinii min, waɗde min njarii tufam ngenndiyankaagal min manndilii. Min luutaama yeewtere ma hannde e ɗii calɗi lenyol ɗi tawtoyɗaa wirto ɓennaa.Wallaahi maɓe teerte, ɓe njaɓɓiroma ko ɓuri welde e jimDi so haayyooy ma, Daas wiyi.Jiggo Tafsiiru, Abubakri kaaliidu, Mustafa Boli, Ibiraahima Kaasum, Tijjaani Aaan, Bah Seydi,Yero Dooro Jallo, Kebe Muusaa, Saydu Sih,Saar Aamadu, Abdul Qudduus , Teen YuusufiMurtudo arii e mon, lefol goonga piileemo woto ko heddii. Nde yeewtere weli heɗaade kono yahBe ngoɗɗii. yeewtere sahodinBe, yeewtere fasniiɓe aadi. Ma haalanɓe wonde hare ina nde jokki. Won jamfiiɓe noon, won hortiiBe kadikono won jokkuBe, won dariiBe haa jooni pooftaaki.Flam men haa jooni lewlewndu nyiifaani. Dekalem dikkiima nder leydi, wammbii hare leydi. WuumnooBe ngumtii, muumBe kay cowlii, wuumɓe laarii, Ibraa yimi. Pulaar saakiima nder leydi, Fuuta men feertii. AnyBe men tikki. Murtuɗo a woni hammadi wuro e leydi. Maayde ko aan suusi reedu.Mate a anndaa ko mbir keelniiɗo liɓɗa,kono o folaani, o ganndo nawii raay.Sabu e ɓerɗe amen e mijjooji amen koɗɗo. Murtuɗo wirni kono haa bada o maayata. Yo Geno yurme yaafoma. yo juuɗe moyye njaɓɓoma.Min ɓeydiima murtude waɗde Hare men ina jokki.
Kaaw Tokosel Tuure mo Jowol.
Stockholm - Nyande 13-06-2009

dimanche 14 juin 2009

C’est avec tristesse que je vienne d’apprendre le décès de notre père et frère Samba Diarra. J’envoie mes condoléances à la famille du défunt et à tous les djéolois. Que la terre lui soit légère qu’Allah l’accueilles en son saint Paradis. Amin
Coumba Sow
Le peu que je connais de Murtudo DIOP

Je l’avais connu dans les années 70, dans la ferveur culturelle où, dans la clandestinité, nous devions faire vivre nos langues nationales.
Par la parole, l’écriture, la guitare et quelques tam-tams, nous avions convenu, lui le cerveau, Ly Djibril Hammet, Sarr Ibrahima Moctar et nous autres Doro Sy, moi et consorts, de lutter, à notre manière et avec nos maigres forces, pour ne pas laisser mourir notre Culture.

Il était toujours là, furtif, vif, virevoltant, éloquent et efficace, entrain de donner des conseils, d’écouter les divers avis, de concilier les positions, d’harmoniser les points de vue. Ce docteur savait soigner les esprits.

Il n’avait aucune animosité à l’endroit des autres cultures, des autres races. D’ailleurs, pouvait-il en être autrement quand on connaît la dimension de ce moment du savoir, cet homme ouvert et tolérant.

Ce qui m’a toujours marqué chez cet homme, c’est son humilité, sa modestie, son amour du prochain, sa simplicité, sa sincérité, son entièreté.

C’est pourquoi, quand dans la folie des arrestations de 1986, je fus, moi aussi, interpellé par le Commissaire Kharchi, à l’époque directeur régional de la Sûreté de Nouadhibou, de la bouche de qui j’entendis, pour la première fois le mot « flam » (je croyais qu’on m’accusait d’avoir incendié quelque chose), et j’appris que Ly Djibril et Ibrahima Sarr étaient arrêtés et que Murtudo était recherché, je me suis dit que c’est peut-être notre aventure culturelle qui était en cause.

Je n’avais pas compris ce qui nous arrivait, comme à beaucoup de nos compatriotes, victimes innocentes des choses qu’ils ignoraient, qui en ont payé chèrement le prix dans tous les domaines.

Cet homme l’a payé cher. Stoïquement, il a supporté d’être accusé comme étant le cerveau des choses dont il n’était en rien l’instigateur.

En 2004, lors de mon séjour en France, de Mantes-la-Jolie où il résidait, il me laissa un message au téléphone. A son expression, j’ai reconnu l’homme de culture et fervent défenseur des justes causes, soldat infatigable de l’Unité nationale, partisan effréné de l’interpénétration de nos valeurs et de nos races.

Il me redonna goût à la Culture. IL me redonna espoir en ma lutte pour la Justice et l’Egalité. Il me redonna confiance en moi-même que ma lutte pouvait aboutir sans haïr les autres, qui, en définitive, n’étaient qu’une partie de moi-même.

Cet Homme ne pouvait pas être raciste ni ethniciste. IL était seulement en quête de reconnaissance de sa personnalité culturelle, de son existence, de sa valeur.

Je l’ai rencontré, la dernière fois, chez mon proche et ami Diallo Moussa, en présence de Anne Adama. Je me donnais pour mission d’arrondir les angles et de faire le rapprochement avec un de ses lieutenants dont une incompréhension passagère l’avait éloigné.

Deux jours de suite, je reçus de cet illustre personnage, les leçons de vie que je n’oublierais jamais. J’en ai retenu une profondeur d’analyse et un sens élevé du devoir et du sacrifice et, surtout, une capacité de dépassement jamais égalée.

Devant ce monument, on se rend compte de sa petitesse. Devant cette simplicité et cette ouverture d’esprit, on perd son latin. On se rassasie forcément et se remet en cause immanquablement. Il m’avait écouté patiemment. Il avait répondu posément, calmement mais gravement comme pour marquer la solennité du moment… notre dernière rencontre inscrite au registre de la vie.

Murtudo est parti, mais il a fait des petits. Il n’a pas laissé des comptes garnis, des biens meubles et immeubles pour vanter son existence. Il nous a légué une leçon de vie qui nous servira pour toujours.

Que Dieu le Tout Puissant et Tout Miséricordieux l’accueille en son saint Paradis. Amen.

Un de tes lieutenants tapis dans l’ombre, qui ne t’oubliera jamais.

Nouadhibou, le 12 juin 2009

THIAM Ousmane Moussa
Ancien Député de Nouadhibou
othiamous@yahoo.fr

lundi 8 juin 2009

Ina wona, Awa nana, mouna nekk, mounkine, c'est possible

Votez Ibrahima Moctar, c'est pour une Mauritanie Unie et reconciliée avec elle-même