mercredi 23 janvier 2013

Par Dr. Bakary Sambe – Enseignant Chercheur au Centre d'Etudes des Religions (CER), UFR des Civilisations, Religions, Arts et Communication - Université Gaston Berger, Saint Louis du Sénégal.

DAKARACTU.COM A supposer que Tariq Ramadan ait un différend personnel voire politico-idéologique avec la France, cela frôle l'indécence de vouloir régler ses comptes pendant que se déroule sous nos yeux un véritable drame du peuple malien. Il a saisi cette opportunité pour s'attaquer à la politique africaine de la France dont l'armée s'est mobilisée pour libérer le Nord-Mali à une période cruciale. Sans prendre la défense d'un pays qui a ses choix et ses orientations que nous ne partageons pas totalement, il faut tout de même admettre que si la France n'était pas intervenue, il aurait fallu deux jours de plus pour que les troupes d'occupations sous couvert d' « islamisation » arrivent à prendre Bamako et continuer allègrement leur chemin afin d'instaurer, sur une bonne partie de l'Afrique de l'Ouest, l'émirat « islamique » longtemps rêvé par Mokhtar Belmokhtar. Pour dire que l'enjeu majeur pour nos pays n'est pas la résurgence de ce discours refuge de Ramadan cherchant habilement à rallier aussi bien la gauche traditionnelle africaine que les néo-islamistes galvanisés par les victoires à demi-teinte des Frères musulmans du Maghreb et de l'Egypte. Peut-être ignorait-il que la nouvelle génération africaine avait dépassé ce débat et se préoccupait plus d'avenir. 

L'article de Tariq Ramadan est, certes, intéressant sous plusieurs aspects, y compris, la critique du suivisme intellectuel de nos élites et de la faiblesse de nos Etas et régimes qui ont fait qu'avec tout le poids historico-symbolique, nous ayons encore besoin de la France pour libérer le Nord du Mali. Mais, je reste persuadé que François Hollande, sous le feu des critiques de la presse française et d'une certaine opinion, avait tellement à faire en politique intérieure qu'il se serait bien passé d'une guerre dans un contexte aussi morose. La réflexion de Tariq Ramadan serait plus complète et crédible s'il avait, avec la même vigueur, dénoncé le processus historique et les constructions idéologiques qui amenèrent Ansar Dine et ses membres à s'attaquer au patrimoine de Tombouctou. Mais, il n'a pas pu ou voulu dénoncer avec la même vigueur cet impérialisme idéologique des pays et organisations du monde arabe qui, sous couvert, d'islamisation de l'Afrique, financent et appuient des mouvements et ONG remettant, aujourd'hui, en cause l'existence même de l'Etat malien. Et, on peut légitimement se demander, à qui le tour demain ? Il faut garder présent à l'esprit que des mouvements comme Ansar Dine et leurs alliés d'AQMI ont pour but déclaré de ré-islamiser le Sahel africain comme si l'islam ne s'y était pas répandu depuis le Moyen-Age dans le cadre d'un long processus constructif et harmonieux attesté par toutes les sources historiques. C'est cette croyance à une infériorité spirituelle du musulman africain qui est à la base de l'activisme de nombre d'ONG et pays arabes au « secours » de « l'Afrique musulmane ». 

En d'autres termes, un impérialisme sur le lit d'un paternalisme d'un autre genre que Tariq Ramadan n'a pas voulu dénoncer. Peut-être même ne le perçoit-il pas, certainement emporté par les lieux communs de l'idéologie d'une « internationale musulmane » dont les adeptes africains sont aussi des inféodés d'un autre impérialisme. L'attaque au patrimoine de Tombouctou par des phalanges venues du Nord du Sahara est un retour de l'Histoire. Elle s'inscrit dans la même logique que celle qui avait animé, le sultan marocain Mansour Al-Dhahabi en 1595 lorsqu'il mobilisa son armée pour disait-il islamiser le Songhaï alors que Tombouctou était le centre d'un bouillonnement intellectuel depuis le 12e siècle. L'épisode qu'en a retenu l'historiographie arabe est encore plus sinistre et plus révélateur de l'état d'esprit d'infériorisation du nègre : les armées d'Al-Mansour capturèrent comme esclave l'un des plus grands oulémas de son temps Ahmed Baba déporté finalement à Marrakech. Mais au-delà des faits c'est le discours et l'idéologie qui sont tout aussi « impérialistes » et réducteurs. En réalité dans le subconscient arabe, au Maghreb comme au Machrek, il n'a jamais été considéré que l'Africain puisse être « bon » musulman. 

La perception « folklorique » qu'avaient donnée à l'islam « noir » certains commis coloniaux devenus « chercheurs » dans l'Afrique de l'entre-deux-guerres perpétuée, ensuite, par des africanistes hexagonaux et certains de leurs disciples africains, a fortement déteint sur la manière qu'ont les Arabes musulmans de regarder leurs « frères » du Sud du Sahara. Mieux, l'image d'une Afrique « sans civilisation, terre de l'irréligion » (Ad-dîn `indahum mafqûd) rejointe par les théories de la tabula rasa, véhiculée par Ibn Khaldoun (Muqaddima) et noircie par l'intellectuel syrien Mahmoud Shâkir, dans son Mawâtin shu'ûb al-islâmiyya, est restée intacte dans certains imaginaires. Ce dernier auteur, à titre d'exemple, présente le Sénégal qu'il n'a peut-être jamais visité comme un pays avec ses « sauvages et cannibales » dépourvu de toute pratique ou pensée islamique « respectables ». Le massacre du patrimoine de Tombouctou par ces bandes armées financées par des pays et organisations arabes me confortent davantage dans l'idée que derrière le bannissement systématique des pratiques religieuses des communautés originaires d'Afrique, il y avait le mépris d'une catégorie de Musulmans qui n'auraient que le choix d'une posture mimétique s'ils voulaient rester « dans la communauté ». L'expression la plus parfaite de la négation de l'apport de l'Afrique à la Civilisation islamique. On dirait revivre les pires moments de la théorie ayant orienté l'entreprise coloniale dont Tariq Ramadan critique sélectivement les résidus. Mais il ne s'attaque pas à la substance de ce paternalisme arabe sous couvert d'islamisation qui veut arriver à bout des équilibres sociaux comme de l'harmonie longtemps louée des sociétés africaines musulmanes. 

En fait, il est passé parmi les choses admises qu'il y a une éternelle mission islamisatrice dont les Arabes, cette minorité dominante du monde musulman ; seraient naturellement investis. Le Qatar a son « croissant rouge » qui appuie Ansar Dine à Gao et le Koweït son Agence des Musulmans d'Afrique comme l'Arabie Saoudite pilote, par milles officines, la World Association of Muslim Youth (WAMY) généreuse donatrice de la célèbre mosquée de Goodge Street à Londres, bastion du Djihadisme européen. Cette croyance est tellement ancrée qu'elle marque l'attitude de mépris de la part des intellectuels du monde arabe vis-à-vis de l'islam africain et de sa production. J'en fus témoin irrité, c'est dans l'enceinte de la prestigieuse université de Californie à Los Angeles qu'un haut responsable de l'Union des Organisations islamiques de France dont Tariq Ramadan est la star préférée, avait laissé entendre que l'islam « africain » était plus « folklorique » que « spirituel », répondant, ainsi, à un chercheur américain encore intéressé par l'enrichissante diversité de l'islam ! Le plus grave est que ce paternalisme arabe sur les musulmans de « seconde zone » que seraient éternellement les Africains se nourrit d'un vieil imaginaire savamment entretenu. C'est incroyablement, encore Ibn Khaldoun, pourtant esprit éclairé de son temps, qui les traitait de « wahshiyyûn » (sauvages) cannibales « ya'kulu ba(duhum ba'dan » ignorant toute notion de civilisation « tamaddun, hadâra ». La pensée religieuse n'a pas été en reste lorsque dans la Risâla d'ibn Zayd al-Qayrawânî, faisant encore curieusement référence dans nos pays, il fut mentionné dans un esprit foncièrement esclavagiste qu'il était banni (yuharramu) de commercer avec les habitants du Bilâd Sûdân (pays des Noirs) qui sont des « impies » (Kuffâr). 

Comme aujourd'hui, l'Afrique subsaharienne d'alors devait être le dindon de la farce théologico-politique entre le Kharijisme « banni » et un Sunnisme dominant contrôlant les points d'eau sur les routes du commerce caravanier. Dans des relents de pure nostalgie Khalîl al-Nahwî pleure encore l'Afrique musulmane qui ne saurait avoir de personnalité propre que par les « profondes influences » de ce qu'il appelle la « civilisation arabo-musulmane » (cf. Ifrîqiyya-l-Muslima ; Al-Huwiyya-d-dâ'i`a, l'Afrique Musulmane, l'identité perdue). C'est cette vision qui accompagne l'entreprise de déstabilisation de l'Afrique de l'Ouest par la prédication d'une forme de religiosité née des contradictions ayant eu cours dans un monde arabe qui a longtemps valsé entre arabisme et islamisme pour en arriver à sa présente impasse. Je crois personnellement qu'il était mal venu de la part de Tariq Ramadan de vouloir transposer ses différends avec la France ou l'Occident qu'il dit « meurtri et mourant de ses doutes et des crises économiques, politiques et identitaires qui le traversent ». Soit. Mais le véritable enjeu pour les pays africains, loin des idéologies importées et des modèles qu'on voudrait y plaquer, est une réflexion sur l'avenir des entités politiques aujourd'hui menacées par cet activisme dont ne parle point Tariq Ramadan. 

Pouvait-il ignorer ce vieux projet de zone d'influence d'un islam wahhabite radical clairement identifiable aujourd'hui ? Cette ligne Erythrée-Khartoum encerclant l'Ethiopie « chrétienne » en passant par Ndjaména et traversant, les actuelles provinces du Nord Nigeria appliquant la « Sharî`a », le Niger et le Mali, sous effervescence islamiste, pour aboutir au Sénégal seul pays d'Afrique noire ayant accueilli par deux fois le Sommet de l'OCI et siège régional de la Ligue islamique mondiale entre autres ? Ou bien, dans la démarche ramadanienne, la critique et la dénonciation des complots et conspirations sont aussi sélectives ? A moins qu'on accorde à Tariq Ramadan le bénéfice d'un doute sur sa connaissance des réalités subsahariennes ! Mais serait-ce même la seule raison si l'on sait que sur cette question précise de l'intervention française au Mali, Tariq Ramadan adopte la même position que le chef spirituel et idéologue d'Ennahda, le tunisien Rachid Ghannouchi, le Premier Ministre marocain Benkirane, le Président égyptien issu des Frères Musulmans Mohamed Morsi rejoints plus tard par l'emblématique Youssef Qaradâwî le prédicateur sous les ordres du Qatar qui a financé Mokhtar Belmokhtar le nouvel émir autoproclamé de l'Afrique subsaharienne ? En tout état de cause, dans cette prise de position énigmatique de Ramadan, aussi bien l'occultation du paternalisme arabe savamment drapé du prétexte d'islamisation que la troublante coïnci-concordance avec les déclarations des leaders du panislamisme les plus en vue donnent le tournis aux plus optimistes quant à sa sincérité. 

Dr. Bakary Sambe

Lire l'article de Tariq Ramadan 

Source : http://www.dakaractu.com/

dimanche 23 octobre 2011

L’exégèse d’une affligeante et redondante banalité

C’est quand même fort de café ! Après avoir détourné le regard face à la révolte légitime d’une jeunesse qui pose les vraies questions, on voudrait nous présenter comme une révolution politique ce qui au fond, n’est rien d’autre qu’un banal accord élitiste consacrant la gestion et le partage du pouvoir, si ce n’est la sécurisation des carrières et des parcours politiques.

Il n’est pas question pour moi de contester les quelques avancées qu’on peut noter ici et là sur la gestion des processus électoraux compris dans cet accord. Mais au-delà d’un certain nombre de points très discutables sur le principe, comme l’interdiction des candidatures indépendantes, qui pour moi est une réduction de la liberté politique des citoyens et le renforcement du régime des partis (le grand défaut de la 4ème République en France), la question à se poser dans cet accord, c’est encore une fois celle de la hiérarchie des priorités. A-t-on dans cet accord, mis le focus sur les vrais problèmes qui tenaillent le pays ?

Mis a part le timide rappel dans la constitution du caractère multiculturel de la Mauritanie, déjà présent dans la constitution de juillet 1991 de Ould TAYA, où est passé l’officialisation des autres langues nationales ; revendication qui fait écho à la vraie question de la reconnaissance de leurs locuteurs comme mauritaniens à part entière ? Dans cette période troublée, où le jeune Lamine Mangane a payé de sa vie la confusion volontairement entretenue sur la mauritanité des négro-africains, c’eut été un signe de bonne foi politique pour le pouvoir que de le réaffirmer, ou pour l’opposition que de le réclamer. Mais c’est vrai que dans un accord de type élitiste, au courage nul n’est tenu…Quant à la référence au rejet de l’esclavage dans la constitution, je ne vois vraiment pas quelle nouvelle ardeur elle apporte à l’abolitionnisme, là où la superposition des lois se heurte en permanence au mépris des autorités locales et à l’indifférence du pouvoir central.


On a donc là un accord entre l’opposition et le pouvoir qui, de mon de vue, se détourne expressément de la question essentielle de l’heure ; celle qu’on effleure prudemment dans le préambule du texte, sous le doux euphémisme d’« unité nationale ». Et ce, alors même qu’aujourd’hui comme hier, mais aujourd’hui plus qu’hier, ce qui menace dangereusement la stabilité du pays, voire sa survie, c’est précisément que certaines composantes de son peuple se sentent exclues de la pleine citoyenneté et de la promesse égalitariste de l’état républicain. Aujourd’hui plus qu’hier, une certaine jeunesse, débarrassée de la frilosité légendaire d’une certaine intelligentsia négro-africaine rompue aux arcanes de l’allégeance facile, a décidé qu’elle ne ferait pas faux bond à l’Histoire, dans ce rendez-vous de toute façon incontournable. Elle a décidé que la mauritanité, sempiternel alibi à l’exclusion, ne ferait pas plus recette que l’ivoirité, dont on sait malgré son échec, la teneur de la facture humanitaire et politique laissée aux ivoiriens.


Et la classe politique mauritanienne réunie en conclave voudrait nous convaincre que ce débat-là ne méritait pas de figurer au menu de leurs discussions. Que la place des langues nationales dans les média d’Etat n’est pas un sujet important pour eux. Que la reconnaissance et le renforcement d’ONGs de lutte contre le phénomène anachronique de l’esclavage ne fait pas débat, dans un pays où malgré tout on a pensé bon de graver dans le marbre constitutionnel le rejet de l’esclavage…Je pense que le problème de la Mauritanie ce n’est même pas qu’elle marche sur sa tête, c’est qu’elle marche tout simplement sans tête !


Bocar Oumar BA,
Strasbourg (France)



Note : Source : Bocar Oumar BA

samedi 26 juin 2010

Thiam Ousmane Moussa est un ancien député AC élu en 2001. Il est le coordinateur régional de l'AJD/MR à Dakhlet Nouadhibou.

Nous l'avons rencontré dans la capitale économique. Au cours de l'interview qu’il a accordée au QDN, il aborde la situation de son parti dans la wilaya, les problèmes économiques et sociaux ainsi que d'autres

Quotidien de Nouakchott : Comment se porte l’AJD/MR à Nouadhibou ?

Thiam Ousmane Moussa : Permettez-moi de vous remercier tout d’abord au nom de tous les militants parce que l’AJD/MR n’a pas toujours été approchée par certains médias. Donc le fait que vous en ayez pris l’initiative nous va droit au cœur. Ceci dit, je crois que pour mesurer le poids de l’AJD/MR au niveau de Dakhlet Nouadhibou il faut objectivement se fier aux chiffres sinon aux positions déjà connues. Depuis la naissance du parti et bien avant d’ailleurs, le Mouvement pour la Réconciliation Nationale de 2007 avait déjà donné le ton. A l’époque j’étais directeur de campagne de Ibrahima Moctar Sarr à Nouadhibou et j’ai été surpris par le ralliement massif de la population de cette ville. Ce ralliement a fini par nous classer à la cinquième position sur 19 candidats au fauteuil présidentiel. Disons même, pour être plus précis, dans les quatre premiers parce que Sidi Ould Cheikh Abdellahi n’avait pas de parti.

En 2009, l’AJD/MR est arrivée troisième à Nouadhibou après Mohamed Ould Abdel Aziz et Messaoud Ould Boulkheïr qui était soutenu, ne l’oublions pas, par 11 partis coalisés au sein du FNDD. AJD/MR, je dois le dire, a approché les 4.000 voix pendant que les onze partis de la coalition dite de l’opposition de l’époque totalisaient un peu plus de 6.000 voix. C’est dire donc que nous sommes dans une position respectable. L’AJD/MR était restée constante, stable et je dirais même progressive. Elle est restée troisième à l’élection présidentielle de 2009. Et pour cause, si les 6.000 voix obtenus par la coalition des 11 partis ayant soutenu Messaoud Ould Boulkheïr étaient divisées entre ces formations politiques –étant entendus qu’elles représentent quelque chose- il serait aisé à tout un chacun de se rendre compte que relativement, l’AJD/MR est de loin le deuxième parti au niveau de Nouadhibou où le parti a devancé les candidats Ahmed Ould Daddah, Ely Ould Mohamed Vall ainsi que tous les autres. Nous sommes un parti réellement représentatif, surtout que nous sommes structurés maintenant depuis que nous sommes passés à la phase implantation.

D’ailleurs à ce sujet, je dois vous signaler que nous avons laissé les militants faire leur choix librement sans jamais interférer dans ces choix. J’ai été tout le temps ferme pour qu’aucun responsable n’intervienne dans le choix des dirigeants au niveau des comités. Nous avons installé des comités qui sont viables, réelles. Ils ont coupé leur carte, communiqué eux-mêmes les références de leur carte d’identité, signé eux-mêmes devant la fiche d’adhésion. Donc, sachez-le, ce ne sont pas des adhésions fictives. Nous sommes entrain de faire un travail de profondeur assez efficace. Nous pensons que petit à petit on aura des gens malgré la secousse que nous avons connue surtout pendant l’élection de 2009 avec les dénigrements qui ont été faits sur la personne de notre président. Aujourd’hui tout le monde se rend compte que c’était une guerre de destruction menée contre l’AJD/MR à des fins que nous connaissons tous.

Action pour le Changement avait en son temps connu les mêmes problèmes qui lui ont valu la dissolution. L’AJD/MR en 2007 a apparu comme étant une voix légitime de tous ceux qui souffraient des problèmes d’injustice graves qui frappaient des populations qui ne demandaient qu’à participer à la construction de leur pays, à être respectées, à être reconnues comme étant des citoyens, à être écoutées, à vivre culturellement et à s’épanouir dans leur propre pays en partage avec tous les autres. Je crois que ce discours là, patiemment et intelligemment est entrain de passer, sans arrogance, sans injures avec toute la courtoisie nécessaire et avec toute la fermeté aussi indispensable. Voilà la position actuelle de l’AJD/MR au niveau de Nouadhibou. Maintenant tout est vérifiable sur le terrain. J


Dans la vie démocratique régionale, comment se présente vos rapports avec l’administration et aussi avec les autres partis qui y sont implantés.

Il faut dire qu’avec les autorités cela n’existe pratiquement pas. De façon générale d’ailleurs, les autorités administratives ont pris l’habitude de considérer que les partis politiques ne sont là que pour les servir de relais en vue de véhiculer leurs messages uniquement. Ils ne prennent pas les partis politiques comme étant des partenaires indispensables. Nous ne sommes appelés qu’à de rares occasions de visites de chefs d’Etat pour accueillir l’hôte. Il arrive même que d’importantes personnalités passent à Nouadhibou sans que nous soyons tenus au courant. En fait on ne nous associe pas à la vie de la région. Or, ces autorités oublient que nous sommes des acteurs politiques donc des partenaires. Nous ne sommes pas des adversaires, ni des ennemis. Si elles se mettaient au dessus de la mêlée, nos rapports auraient pu être plus fluides, importants et peut-être même constructifs. Malheureusement ce n’est pas le cas. Il nous arrive rarement d’être reçu par les autorités. Même si nous le demandons, c’est souvent difficile car les obstacles sont nombreux. Jusqu’à présent –et vous ne l’ignorez pas- les partis sont catalogués puisque les autorités ayant déjà choisi leur bord, ne jouent pas le jeu de la démocratie, confondent leur rôle de gouvernant et leur rôle de militant. Comme elles n’arrivent pas à faire la part des choses, je peux dire que nos rapports ne sont pas des rapports de confiance.

Et avec les partis politiques ?

Les partis politiques c’est à l’image de ce qui se passe au niveau du pays. Certains d’entre eux sont regroupés au sein de la Coordination de l’Opposition Démocratique. Ils ont leurs propres rapports, leur propre discipline. Nous ne faisons pas partie de cette coalition, donc c’est de loin que nous entretenons des rapports cordiaux. Nous n’avons pas en vérité des rapports politiques réels parce que le front de l’opposition n’est pas élargi à l’AJD/MR pour des raisons que vous n’ignorez pas. Maintenant par rapport à la société civile oui, là nous essayons de l’approcher, l’interpeller sur certaines questions, l’écouter surtout par rapport à la situation régionale, quand on sait qu’il y a tous les travailleurs qui subissent au niveau de la pêche, des situations dramatiques. Certains sont déflatés, licenciés tandis que d’autres comme les marins sont mis à terre et leurs droits non payés. Au niveau des grandes institutions économiques comme par exemple la SNIM, les injustices sont graves au niveau des nominations et en particulier pour ce qui concerne le partage des responsabilités. C’est pourquoi d’ailleurs cela fait partie de nos revendications. Vous trouvez une forte tribalisation du pouvoir économique, une forte tribalisation de l’affectation au niveau des responsabilités, au niveau des promotions. Donc ce sont des situations extrêmement difficiles à accepter, car elles ne contribuent pas à restaurer la confiance.

Or il y a des sociétés phares telle que la SNIM qui est quand même un symbole de l’Etat. N’oubliez pas que le directeur général de la SNIM est nommé par l’Etat. Donc de par sa fonction c’est une institution politique qui symbolise l’Etat qui est un actionnaire majoritaire. Par conséquent il doit avoir un droit de regard régalien sur ce que fait la SNIM. L’Etat est comptable de tous les actes posés par la direction de la SNIM en termes de traitement des citoyens, en termes de traitement des travailleurs, en termes de traitement au niveau économique, en terme de production et autres réalisations. La SNIM doit représenter un fleuron où on pourrait se vanter de la justice sociale, de l’égalité des citoyens. Tel n’est malheureusement pas le cas, c’est à déplorer.


Nouadhibou est agité ces derniers temps par des problèmes de « Gazra » à l’image d’ailleurs de Nouakchott. Il semble que ce soit devenu un créneau pour les populations démunies afin d’obliger les autorités à les régulariser dès lors qu’il est devenu impossible de trouver une attribution par la voie légale. Quel regard portez-vous sur une telle situation ?

Les « Gazras » font partie des promesses faites à l’époque pendant la campagne électorale nonobstant les distributions de millions d’ouguiyas à des régions. Personne ne sait d’où proviennent ces millions encore moins à qui cet argent a été donné, ni les procédures empruntées pour les remettre. D’ailleurs le bilan sera fait très certainement et disons que cela faisait partie d’une vaste entreprise de corruption des mentalités. C’était déjà un objet d’annulation de l’élection ou à tout le moins en tout cas, de la candidature. Ces millions et ces « Gazras » étaient une manière de pousser les gens à voter, après quoi, quelques uns auront des parcelles de terrain mais les autres seront à la touche. Et c’est ce qui a fait que la population y a cru naïvement. Mais le réveil a été brutal puisqu’elle se rend compte que les promesses électorales en Afrique, surtout dans notre contexte particulièrement, ne sont pas à prendre pour de l’argent comptant. Raison pour laquelle vous avez entendu parler de la violence faite aux occupants des « Gazra ». Au fond il ne faut pas se leurrer, les rapports entre l’administration publique et les citoyens n’ont pas beaucoup évolué. Depuis la décolonisation, le citoyen est mis dans des situations telles qu’il doit toujours et en permanence, avoir peur de l’administration faute de dialogue, de relais sociaux crédibles et que les partenaires politiques ne sont pas mis à contribution. Le pouvoir veut toujours montrer sa force brute. Comme disait l’autre, la faiblesse de la force c’est de ne croire qu’en la force.


La capitale économique semble baigner dans un marasme économique général. Qu’est ce qui ne va pas au fond ?

Il y’a effectivement un marasme économique du fait que le secteur de la pêche sur lequel nous fondions beaucoup d’espoir ne marche pas. Aujourd’hui, les grands magnats de la pêche font la loi. Ils ferment leurs sociétés quand ils veulent sans qu’une déclaration de faillite normale n’intervienne, ils mettent à terre les matelots à tout va comme bon leur semble. Par exemple au niveau de la SNIM, les tâcherons font la loi avec des travailleurs maigrement payés, sans couverture sociale, pas soigné du tout même s’il lui arrivait la moindre égratignure, alors que les patrons tirent un profit substanciel sur les maigres ressources données aux travailleurs. A la moindre revendication ils sont licenciés.

Quand la puissance étatique, n’est pas là pour protéger les travailleurs, rétablir la justice, dicter sa ligne de conduite et l’imposer, quand cette puissance sociale n’est pas là disais-je, mais tout est permis. C’est pourquoi aujourd’hui la situation de Nouadhibou est catastrophique. Les prix montent, les populations souffrent, vivent difficilement et puis il n’y a aucune entité économique nouvelle qui se crée. La pêche n’a pas servi à impulser une dynamique économique ailleurs complémentaire. A la SNIM c’est la même chose. Le minerai est embarqué et débarqué ailleurs, l’argent arrive et entre à la BCM, les petits investissements se résument à la construction de quelques écoles sur le tronçon Nouadhibou-Zouérate mais en terme d’impact économique réelle par la création de sociétés, c’est nul. On ne voit pas. Les tâcherons s’accaparent de tout. Les fournisseurs, pour la plupart, pratiquent une économie tribale. La thésaurisation est beaucoup plus forte qu’en terme d’investissement économique. Franchement, on ne peut pas dire rque Nouadhibou se développe réellement. Non, Nouadhibou au contraire, connaît une situation dégraddante, une situation déplorable, une situation que je dirais à la limite fâcheuse.


Bruxelles va abriter les 22 et 23 juin une table ronde entre la Mauritanie et ses partenaires occidentaux. En tant qu’ancien parlementaire qu’attendez-vous de cette réunion ?

A priori, on ne doit pas souhaiter que notre pays n’ait pas des investissements. Mais le problème c’est le mystère qui entoure cette manière de négocier. Aujourd’hui, l’administration publique a plus peur, a plus de respect pour l’extérieur que pour ses propres citoyens. Parce que toutes les concessions qui sont faites au citoyen le sont pour plaire aux bailleurs de fonds. Donc ces négociations montrent jusqu’à présent la dépendance de la Mauritanie vis-à-vis de ses partenaires européens et montre aussi la véritable personnalité des institutions étatiques par rapport à la gestion interne de leur pays. On va quémander de l’argent et pour plaire on va déclarer respecter à la lettre certains critères comme les fameux 24 points que vous connaissez à l’époque quand ils sont partis négocier à Bruxelles. Le même scénario que l’actuel. On lâche du lest sur le plan démocratique en laissant l’opposition marcher quelques temps, faire des meetings, dire ce qu’elle veut mais sans admettre qu’elle s’adresse directement aux citoyens par les médias nationaux.

Nous allons négocier mais nous allons essayer de dire que nous sommes un Etat démocratique, nous respectons les libertés individuelles et collectives,mais une fois que les financements sont obtenus, retour à la case départ. Parce que ce sont les mêmes hommes, les mêmes structures, les mêmes mentalités qui aujourd’hui, sont les tenants du pouvoir. Il n’y a aucun changement. S’il y avait une volonté réelle de changement on ne refonderait pas la puissance de l’Etat à partir de sructures qui ont fait déjà leurs preuves dans la faillite et dans la corruption.


Vous dîtes qu’il n’y a aucun changement, pourtant l’AJD/MR a salué certaines décisions du président de la République, même si le parti est critique sur d’autres questions. Qu’en pensez-vous ?

Ecoutez, le changement c’est un tout. La personne du président de la République peut avoir une bonne volonté de changement. Mais si elle ne prend pas les décisions qu’il faut, le changement risque de ne pas se faire. Le président de la République est une personne à la tête d’une institution. Or ce qu’il nous faut c’est changer de système pour qu’il survive aux hommes. Mais si nous ne fondons tous nos espoirs que sur une personne, si elle disparaît, tout s’écroule. C’est pourquoi j’ai dit que tout l’entourage, toute la mentalité, toute la cuisine qui est là et qui sous tend l’action du président, si elle n’a pas la volonté de réaliser le rêve qu’il a pour la Mauritanie -si véritablement ce rêve est sincère- il faut qu’il le réalise autrement par d’autres mauritaniens qui sont propres.

Maintenant l’AJD/MR est cohérente parce qu’elle dit que tout ce qui est fait de positif elle le reconnaît mais tout ce qui est négatif elle le critique. Nous sommes ouverts à toute discussion avec n’importe quel partenaire politique, qu’il soit de l’opposition ou de la Majorité présidentielle, mais nous dirons dans les discussions ce que nous pensons. C’est clair.


Où en sont les pourparlers entre l’AJD/MR et la Majorité présidentielle ?

Je ne peux pas vous dire où ils en sont. Je n’appelle pas ça négociation mais plutôt des discussions parce que tout simplement je suis loin de Nouakchott où cela se passe. Il y a une commission créée et qui a en charge ce dossier. Elle discute sur la base de notre programme, sur la base de notre vision. Certains pensent que pour l’AJD/MR discuter signifie rallier le pouvoir pour gagner quelques strapontins. Si c’était le cas aujourd’hui, les dirigeants de l’AJD/MR ne seraient pas là où ils sont.


Propos recueillis par Moussa Diop à Nouadhibou

Source : Le Quotidien de Nouakchott
via le site de ajd/MR

mardi 27 avril 2010

Urgence d’un débat national sur la cohabitation intercommunautaire en Mauritanie

Profitant de la clôture des journées de promotion de la langue arabe, le premier ministre Moulaye Laghdaf affirmait que l’objectif de son gouvernement était de faire de cette langue, la langue (exclusive) des « échanges administratifs, de l’éducation et de la recherche scientifique ». Quelques jours après, joignant l’acte à la parole, il convoquait une conférence de presse pour faire le bilan de son gouvernement ; devant la presse nationale et internationale. Après son allocution en langue arabe, le premier ministre passe au jeu question-réponse, sans prendre le soin, ni de se traduire en français encore moins dans une des trois autres langues nationales que sont le Poular, le soninké et le wolof. Mobilisant tout son courage, un journaliste de la presse francophone lui signifie que, comme plusieurs de ses collègues, il ne pouvait interroger le premier des ministres sur son bilan puisqu’il n’y avait rien compris, demandant ainsi une traduction. La réponse, apparemment préparée d’avance, tombe comme un couperet : « Que voulez-vous ? La Mauritanie est un pays arabe » ! Dans la foulée, le ministre de la culture, enfonce le clou (sans doute avec l’objectif d’humilier) et affirme que le « grand défit de la langue arabe est la propagation des dialectes locaux » dépossédant ainsi au poular, soninké et wolof le statut de langue, comme le faisait le colonisateur, il y a de cela quelques siècles !

Ces propos exclusivistes à caractère raciste ne pouvaient que sidérer l’opinion négro-mauritanienne qui, pour une fois, (peut être se sentit elle enfin le dos au mur) s’exprima massivement dans la presse puis dans la mobilisation estudiantine et scolaire, malgré les tentatives premières de censure des premiers intervenants. Car, soit dit au passage, l’article que j’avais moi-même écrit en réponse aux propos du premier ministre, ont été censuré par la plupart des journaux et sites web nationaux, pour « inconformité à la ligne éditoriale ». Ce que certain n’ont pas encore compris, c’est qu’une opinion profonde s’exprime toujours d’une manière ou d’une autre…

La réaction des élèves et étudiants négro-africains, contrairement à l’interprétation qu’en ont fait certains démagogues, n’est pas un mouvement d’humeur. Il s’agit de la manifestation de ras-le bol d’une communauté qui, après avoir subi un génocide physique et culturel est acculé jusque dans ses derniers retranchements : après la marginalisation sociale, politique et économique, l’arabisation totale devrait signer sa disparition à travers une assimilation forcée ! Il ne s’agit certainement pas pour les Négro-africains, comme voulurent l’interpréter certain, de défendre la langue française (langue du colon ?) Pourquoi donc ? En quoi le maintien du statut actuel du français résorberait-il la discrimination cruelle que subissent les Négro-africains et les Haratin ?

Il n’a jamais été dans l’intention des Négro-africains de réclamer l’équilibre entre l’arabe (langue d’une composante nationale) et le français. Ce qu’ils ont toujours réclamé et qu’ils réclament encore, c’est l’introduction du poular, du soninké et du wolof dans le système éducatif au même titre que l’arabe. Seul l’enseignement à l’école de toutes les langues nationales peut mettre un terme à l’inégalité inadmissible entre les composantes nationales ! C’est certainement le lieu de rappeler qu’en 1979, à la suite de la promulgation d’une circulaire dite 02 augmentant considérablement le coefficient de l’arabe chez les étudiants francophones, une grève illimitée des étudiants et élèves négro-africains avait été déclenchée et aboutit à des affrontements du même genre que celui des jours passés à l’Université de Nouakchott. Des pourparlers avait permis d’arriver à un compromis : pour mettre un terme à la discrimination que subissaient les Négro-africains en Mauritanie, leurs langues que sont le poular, le soninké et le wolof devraient être introduites dans le système éducatif après dix ans d’expérimentation pour créer les outils pédagogiques. L’institut des langues nationales était chargé de la réalisation de cette phase expérimentale. L’expérimentation était d’autant plus réussie que le taux de réussite dans ces classes expérimentale était plus élevé que celui des filières arabe et bilingue. Ainsi, dès 1989 le poular, le soninké et le wolof devraient être enseignés au primaire puis au secondaire, mais c’était sans compter avec les groupuscules baathistes et nasséristes qui, à cette époque, étaient les alliés de Ould Taya. En effet, non seulement, ils ne voulaient pas entendre parler de ces langues, mais ils souhaitaient débarrasser la Mauritanie de sa composante négro-africaine pour ainsi, créer un Etat totalement arabe ! La suite est connue : plus de 60 000 Négro-africains furent déportés au Sénégal et au Mali et des milliers d’autres furent froidement exécutés dans une opération aux visées génocidaire. Et ce ne sont surement pas deux « raka » exécutées militairement qui solderont ce lourd passif humanitaire…

Mais ce qui est le plus surprenant ce sont les arguments développés par les nationalistes arabes pour justifier l’arabisation totale de l’administration et de l’éducation. Pour calmer les Etudiants négro-africains en colère à cause de ses déclarations, le premier ministre affirme n’avoir traduit que la constitution mauritanienne qui institut que l’arabe était la langue officielle. Ce même justificatif est mis en avant par le parti sawab et le leader des islamistes Jemil Mensour, qui, mis à part quelques petites nuances liées à leurs tournures phrastiques, expriment tous le même dogme : l’arabe est, en vertu de l’article 06 de la constitution, la langue officielle, elle doit donc trôner sur l’administration et l’éducation ! Aussi importe-t-il de se demander de quelle constitution parlent-ils ? M. Moulaye invoque une constitution qui, si elle n’avait pas été empiétée, il ne serait jamais premier ministre ! Faudrait-il lui rappeler que c’est à la suite du coup d’Etat du 06 Août 2009 (peut-on trouver plus grande violation de la constitution ?) qu’il quitta son poste d’ambassadeur pour celui de premier ministre dans un régime d’exception ?

Décidément, en Mauritanie, le respect de la constitution n’est invoqué que lorsqu’il s’agit de préserver le système qui exclut les Négro-africains ! Sinon que Jemil mensour nous dise où était la constitution qu’il invoque lorsque, dans un mois de ramadan 1989 des Négro-mauritaniens (musulmans) furent abattus comme des chiens enragés par leurs concitoyens arabes (musulmans). La Mauritanie n’était-elle donc pas encore une République islamique ? L’Islam n’était-il pas en ce moment là reconnu comme la religion de tous les Mauritaniens ? Quand donc s’arrêtera cette hypocrisie qui consiste à recourir à la constitution ou à la religion (Islam) dans le seul but d’exclure l’autre et d’imposer sa propre langue et sa propre culture au détriment des autres ?

La version de la constitution d’aujourd’hui est issue de celle de 1991, or celle-là, tout le monde sait qu’elle fut adoptée dans des conditions exceptionnelles où, non seulement son vote s’est effectué dans une opacité totale (régime de ould Taya), mais en plus les Négro-africains sortaient d’une tentative d’extermination qui les excluait de toute possibilité de choix. Le référendum de 2007 s’est passé dans des conditions similaires dans un régime d’exception. C’est donc dire que les masses négro-africaines et haratin (majoritaires) n’ont jamais voté cette constitution et ne se sentent donc nullement concernés par certaines de ses dispositions. Pourquoi donc les Négro-africains voteraient oui à une constitution où la langue d’une seule communauté leur est imposée comme langue officielle ? Pourquoi les Haratin voteraient oui à une constitution où ils ne sont même pas reconnus ? Eux auxquels on a imposé l’arabité pendant cinq décennies, uniquement pour les instrumentaliser tout en les marginalisant si ce n’est en leur reniant toute humanité ? Ces hommes et ces femmes, après avoir connu des siècles d’esclavage et de marginalisation arabes ont compris que tant qu’ils resteront dans le giron arabe, ne recouvrirons jamais leur liberté effective encore moins aspirer à l’égalité. Aussi, grâce à l’avènement sur la scène nationale d’une nouvelle génération (IRA), les Haratin se réveillent et tels des lions affamés de libertés, rugissent au point d’ébranler tout le système d’oppression.

Quant à l’Islam, faut-il rappeler que l’écriture du coran en arabe ne fait pas de cette la langue la langue de l’islam ? En effet, l’islam est une foi qui s’affranchie complètement d’une quelconque langue, fut-ce-t-elle celle où s’exprima le coran ! Les Iraniens, les Turcs, les Indonéniens (le plus grand Etat musulman du monde), pour ne citer que ceux-là, sont tous reconnus comme des Etats à majorité musulmans, cependant ils s’expriment dans bien d’autres langues que l’arabe. De même, les Peuls, les Hratin, les Soninké et les Wolofs peuvent parfaitement assumer mon appartenance à l’Islam sans pour antant s’assimiler à la langue et à la culture arabe !

Les affrontements entre Etudiants négro-africains et arabo-berbers ne doivent pas être considérés, dans une appréhension simpliste comme un mouvement d’humeur ! Ils révèlent une tension profonde, longtemps ruminée et qui a pour cause les inégalités raciales, ethniques et linguistiques. Ils nous rappellent que l’unité de la Mauritanie entant qu’Etat-nation est loin d’être un acquis. C’est pourquoi, les Mauritaniens en général et les autorités en particulier doivent agir vite pour sauver le pays d’une implosion qui n’est de l’intérêt de personne. Aussi est-il, plus que jamais urgent d’organiser un débat national sur la cohabitation qui soit un débat sincère, juste, dépassionné et constructif. Un débat qui ira de la réalité objective et inaliénable que la Mauritanie est un Etat arabe et africain composé de Hratin, d’arabes, de Peuls, de Soninkés et de Wolof avec un patrimoine linguistique fait du Hassania, du poular, du soninké et du wolof, mais encore et surtout que ces composantes nationales ainsi que leurs langues doivent être égales, diverses et unies dans un destin commun. Il en va de la survie de la Mauritanie !





Mamadou Kalidou BA

Président de l’Initiative Mauritanienne pour l’Egalité et la Justice (IMEJ)

Nouakchott le 25/04/2010

Mamadou Kalidou BA
Maître de conférences
Littérature africaine, critique littéraire)
Université de Nouakchott
Boite Postale (personnelle) : 2073, Nouakchott- MAURITANIE
Courriel:babathiss@yahoo.fr
Cell: 00 222 687 50 41 Dom: 00 222 501 48 75

vendredi 12 mars 2010

Ces petites voix qui nous rappellent nos cauchemars, ou la rhétorique des années de braise par Bocar Oumar BA

Ces petites voix qui nous rappellent nos cauchemars, ou la rhétorique des années de braise par Bocar Oumar BA



Assistons-nous à un retour calculé à une certaine ambiance politique ou à des convulsions spasmodiques d'une idéologie en mal de survie ? En tous cas, je m'inquiète comme beaucoup d'autres, de l'accumulation de gestes et de propos politiques qui rappellent plutôt les prémisses d'une époque de notre histoire qui hante encore bien des esprits. Cela commence par l'accueil de Oumar El Béchir. Puis par la rencontre entre l'UPR et le parti Baath syrien, pour aboutir aujourd'hui aux propos tant décriés du premier ministre Moulaye Ould Laghdaf. Quand on ajoute à cela que l'Etat n'inscrit même pas à l'ordre du jour le retour de la Mauritanie dans l'espace de la CEDEAO, ne serait-ce que pour envoyer un signe à sa partie africaine, il y a de quoi s'inquiéter.

Deux choses nous ont été rapportées ces derniers jours dans la posture du Premier ministre : un discours et une attitude. Le discours d'ouverture à la journée de la langue arabe, et l'attitude d'indifférence affichée, face au journaliste Kalilou DIAGANA qui posait juste la question pratique de la traduction en français de son propos face à une presse en majorité francophone. Dans les deux cas, le PM pose la langue arabe comme un horizon indépassable. Je me souviens avoir eu droit à la même réponse en 1997, de la part de Rachid Ould Saleh, à l'époque ministre de l'Information de Ould TAYA. Là aussi, il était juste question pour moi d'avoir une réponse en français à une question que j'avais posée en français. Sa réaction était sans appel : « Comment voulez informer les mauritaniens si vous ne parlez pas arabe ? » Bien sûr, tout ça est dit en français, pour que je reçoive la provocation en pleine figure.

Inutile de vous dire sa colère quand je lui rétorquai que comme lui, beaucoup de mauritaniens comprenaient la langue de Molière. Je lui faisais aussi remarquer que lui même prenait ses notes en français, puisque son stylo se déplaçait de la gauche vers la droite. Ce fut la dernière fois que je participais au nom de mon journal à ses conférences de presse hebdomadaires... Ces deux anecdotes dépassent les limites d'un simple échange désagréable entre deux compatriotes. Au-delà, c'est la négation subtile de l'un par l'autre qui est en jeu. J'avoue, avec le recul, que mon seul regret, c'est de n'avoir pas pu poser ma question en Pulaar pour voir ce qu'on m'aurait opposé. Car c'est ce que j'envisageais de faire la fois d'après, si on ne m'avait pas signifié que j'étais devenu indésirable à ces rendez-vous du mercredi. J'encourage vivement Kalilou Diagana à saisir la prochaine occasion pour poser sa question en Soninké…

Quant au récent discours du Premier ministre sur la place de la langue arabe en Mauritanie, il aurait pu apparaître banal à nos yeux dans un pays comme le nôtre, s'il n'était pas de nature à réchauffer l'éternelle question identitaire en Mauritanie. La radicalité du propos et son caractère péremptoire ne révèlent qu'une vérité : les composantes négro-africaines du pays ont baissé la garde sur la considération due à leurs différences culturelles et linguistiques. Quelque part, nous devons certainement donner l'impression à nos compatriotes arabes que nous avons définitivement admis l'idée d'être des mauritaniens entièrement à part, au lieu de mauritaniens à part entière. Comment comprendre autrement que là où la circulaire 02 de 1979 (qui n'envisageait que l'augmentation des coefficients des matières enseignées en arabe) pouvait faire bouger la rue nouakchottoise, une décision d'un PM de généraliser l'arabe dans l'enseignement comme dans l'administration, mettant en mal une vieille tradition du bilinguisme, ne provoque que quelques cybernétiques réactions ?

Le problème, c'est qu'on a tellement culpabilisé les négro-mauritaniens sur leur propension à défendre le français présenté comme une langue étrangère, qu'aujourd'hui ils n'osent même plus réagir quand celui-ci est menacée d'une disparition programmée en Mauritanie. La seule réaction qui nous est autorisée, c'est l'officialisation de nos langues nationales et leur introduction dans l'enseignement. Et cela, parce qu'on sait que même dans l'hypothèse où cette officialisation serait actée, les délais raisonnables d'une telle programmation laisseront suffisamment de temps au système discriminatoire pour achever son irréversible implantation. Cette opération contre le français et l'imposition de l'arabe comme langue obligatoire et exclusive de l'administration, n'est qu'une des multiples facettes de l'hégémonie qu'exercent sur nous les tenants du système.

Il y a probablement quelque chose à éclaircir sur la place du français en Mauritanie. Qu'on arrête une bonne fois pour toute de nous bassiner avec le caractère étranger de cette langue. Oui le français est la langue de l'ancien colonisateur ! Et alors ? Cela l'empêche-t-il d'être aujourd'hui une partie intégrante de la culture mauritanienne ? Les tribus berbères de l'espace géographique nord mauritanien, n'ont-elles pas du ressentir la même chose vis-à-vis de l'Arabe quand elles virent débarquer des populations venues répandre ce qui est devenue aujourd'hui notre sainte religion? Je considère le français comme faisant partie du paysage linguistique mauritanien, au même titre que la Mauritanie est incontestablement un pays francophone. Nous n'avons pas à choisir entre la défense de nos langues nationales et celle du français. Nous avons à nous dresser vaillamment contre toute forme de négation de l'autre et sa discrimination. Que cette discrimination passe par le peu de place fait à nos langues nationales dans les média ou dans l'enseignement, ou qu'elle passe par la remise en cause du bilinguisme comme tradition de compromis dans notre administration, nous devons la combattre avec la même énergie. En cela, les propos de M. Moulaye Ould Laghdaf, si tant est qu'ils traduisent, comme lui-même le prétend, le point de vue présidentiel, ne sont pas, comme semblent le dire certains, « un dérapage », mais une menace ! Celle de la réactivation d'une certaine forme d'idéologie de construction nationale dont le paroxysme fut atteint durant les années de braises (89, 90,91). Et ce n'est pas au moment où le Président de la République cherche à se positionner comme celui qui veut régler la question dite du « passif humanitaire », qu'il me paraît intelligent de se laisser bercer par le préchi précha de nos charmeurs de serpent, qui ne cherchent en définitive qu'à en emprunter le venin, en vue de leur ignominieux dessein de déconstruction nationale. On les a vus se gargariser, et dire tout le bien qu'ils pensent de l'accueil fait par notre pays au sanguinaire et génocidaire Omar El Béchir. On les voit aujourd'hui se précipiter autour du Président de la République et reprendre les rênes de l'UPR par la diagonale. On les voit encore s'affairer pour recréer l'antique débat sur l'arabité de la Mauritanie, comme s'ils en doutaient eux-mêmes… Je parle bien sûr, sans équivoque, de nos Baathistes couleur locale, adeptes du panarabisme exclusif, réducteur et par-dessus tout, afrophobe et « négrophage » !

Nos compatriotes arabes, majoritairement de bonne fois, et amoureux à juste titre de leur belle langue, doivent comprendre que ceux que j'ai décrits plus haut sont les premiers ennemis l'arabe. Ils n'en usent que comme moyen d'oppression, et à ce titre ils en déprécient la beauté et l'attractivité ; tout comme ils créent le dégoût et le rejet à son égard. Combien de négro-mauritaniens ont rejeté l'arabe par acte de résistance à son imposition, alors que leurs propres parents, du fait de leur formation coranique, étaient parfaitement arabophones ? La promotion de la langue arabe, comme du reste celle de nos autres langues nationales (Pulaar, soninke et Wolof), n'est pas antinomique du respect du bilinguisme traditionnel de notre administration et du maintien du français comme langue de travail et d'enseignement. Car pour l'heure, et en attendant que nos langues maternelles soient officialisées, conformément aux engagements pris lors des Etats Généraux, et en attendant qu'elles irriguent abondamment et de façon fluide nos pratiques administratives et notre système éducatif, le bilinguisme arabe/français demeure le seul garant de l'égalité des chances face à l'emploi et face à l'usage du service publique de l'administration par les citoyens. Et encore…

Bocar Oumar BA
Strasbourg - France

SOURCE: AJD/MR

jeudi 11 février 2010

CE QUE PENSE L'AJD/MR

CE QUE PENSE L'AJD/MR

Les accords de Dakar ont permis à la Mauritanie de désamorcer ce qui aurait pu être un aboutissement tragique d’une crise institutionnelle sans précédent.


En réalité, à y regarder de près, cette crise était celle d’un système moribond qui a fait son temps et atteint les limites de sa reconversion. Hérité de Maaouiya Ould sid’Ahmed TAYA qui l’a porté à sa plus haute cime, le système devait nécessairement se muer et il était souhaitable que cette mutation se fasse dans la paix et la stabilité, vu le lourd passif humanitaire né des années sombres. Le Comité Militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD) a échoué la 1ère transition démocratique en 2005 pour avoir refusé et avec la faveur de la duplicité de la quasi totalité de l’opposition, de passer par le seul chemin qui vaille pour sortir du bourbier, à savoir le règlement de la question de la cohabitation avec à la clef le règlement du lourd passif humanitaire, le problème de la justice sociale et la répartition équitable des richesses nationales.





Dans un article désormais célèbre : "La transition en dérive, se ressaisir ", publié dans Nouakchott-info et CRIDEM en mai 2006, celui qui deviendra le Président de l’AJD/MR, monsieur Ibrahima Moctar Sarr, écrivait que le président qui sera issu des élections organisées par le CMJD ne pourra pas gouverner et que la crise qui en naîtra va nécessiter l’intervention extérieure.


Le Général Mohamed Ould Abdel Aziz issu lui-même du sérail et de cette transition, après avoir tenté en vain de redresser le bateau de la transition en dérive, en a tiré à sa manière, les leçons et proposé depuis sa reprise du pouvoir, un pragmatisme réformateur faisant de l’unité nationale et la lutte contre la gabegie ses priorités essentielles.




L’implication de plus en plus grande et intempestive de la communauté internationale dans la défense de la démocratie et des intérêts des peuples, conséquence logique de la mondialisation de plus en plus profonde , a modifié sensiblement les rapports de force entre les pôles dominants et les couches déshéritées, de sorte qu’aucune force aussi brutale soit-elle, ne peut plus s’imposer si elle va à l’encontre de ces intérêts des populations ou mieux, si elle ne requiert l’adhésion des larges couches à son programme de redressement.


Ainsi par des actions très fortes, le Général Mohamed Ould Abdelaziz alors qu’il n’était que chef de la junte au pouvoir, s’est imposé à l’ensemble de la classe politique et en particulier à l’opposition, pour lui avoir ravi le rôle de défense des intérêts des classes les plus démunies.




Pour l’unité nationale, sans aller au fond des choses, l’acte de Kaédi est un acte majeur qui met l’état devant ses responsabilités par rapport au passif humanitaire, les actions en direction des veuves des militaires exécutés durant les événements de 1989 à 1991 et la poursuite du retour organisé des déportés, la réintégration des enseignants et des fonctionnaires et d’autres actions poursuivies après son investiture à la magistrature suprême, sont une pierre posée dans la voie de la solution du passif humanitaire et pour la réconciliation nationale.


Les opérations ponctuelles en faveur des couches les plus déshéritées et les chantiers de développement déjà entrepris avec la rationalisation des moyens de l’état, la lutte contre l’absentéisme des fonctionnaires, le laisser aller et la gabegie, les signes forts envoyés pour le redressement de notre appareil judiciaire et des secteurs chargés de la sécurité et de la police économique, illustrent la volonté du nouveau président de mettre fin à des décennies de sans état. –Les récentes journées de réflexion préfigurent une orientation allant dans le sens de créer de nouvelles institutions capables de prendre en charge la volonté de rupture avec le passé par l’émergence d’un nouvel état au service des citoyens. C’est du moins l’intention exprimée par les organisateurs.


Il était prévisible qu’une telle démarche puisse rencontrer l’hostilité et la résistance des tenants du système auquel le nouveau pouvoir veut s’attaquer. Les forces de l’immobilisme et du statuquo adoptent deux attitudes stratégiques :


-La première, plus attendue, consiste à s’allier avec tous ceux qui sont contre la nouvelle orientation prise. Dans ce cadre, elles rejoignent paradoxalement l’ancienne opposition à la dictature du régime de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya à laquelle elles avaient apporté tout leur soutien matériel et politique, durant la dernière élection présidentielle.


-La deuxième attitude, plus subtile, même si elle n’est pas une nouveauté dans le comportement de la classe politique mauritanienne, est de ceinturer le nouveau pouvoir aux fins de l’investir et de le prendre en otage pour faire dévier sa trajectoire initiale et restaurer le système. Ce qui n’est pas compréhensible cependant, c’est l’inconséquence notable d’une certaine opposition qui naguère dénonçait les méfaits dévastateurs du système auquel le nouveau Président s’attaque en ce moment, peut être à sa façon, jugée quelque peu brutale et irréfléchie par certains de ces milieux qui prennent comme prétexte ce qui peut apparaître comme de l’autoritarisme et des tendances dictatoriales. Aujourd’hui, cette même opposition s’allie fortement avec les tenants de ce système et va même jusqu’à engager les masses dans des manifestations hostiles au pouvoir pour freiner la lutte contre la gabegie, affrontant directement les forces de l’ordre en brandissant des portraits de l’ancien dictateur Maaouiya O/ sid’Ahmed Taya. De telles manifestations n’ont jamais été tentées pour faire libérer les esclaves ou pour exiger le règlement immédiat du passif humanitaire.


Cette situation appelle une remarque ; il semble bien que cette opposition met en avant la conquête du pouvoir en priorité, par rapport aux intérêts des larges masses- A ce titre, le déroulement des événements depuis le coup d’état du 6 août 2008, le montre clairement avec la position prise contre ce coup d’état. Une position radicale de "défense de la démocratie" sachant pertinemment que les conditions d’une démocratie véritable n’étaient pas encore réunies. Le système de Maouya etait encore en place et même sur le point de se ressaisir pour dévoyer les nobles intentions du Président Sidi Oud Cheikh Abdallahi. Ce dernier comme on le sait, pour arriver au pouvoir, avait bénéficié de tout le soutien du Général Mohamed Ould Abdelaziz, celui-la même qui, empêchera l’ancien président du CMJD de prolonger la transition pour faire échouer le premier coup d’état réussi contre Maouya, et qui finira par reprendre le pouvoir des mains de celui qu’il avait fait élire.




N’ayant pu convaincre les masses, gagnées il est vrai, par le pragmatisme populiste du Général, les anciens opposants, toujours candidats à la gestion du pouvoir par tous les moyens, s’accrochent aux accords de Dakar espérant y trouver, à défaut de ce pouvoir, le moyen d’éviter la marginalisation mortelle.




L’ampleur de la défaite enregistrée durant l’élection présidentielle était inattendue, même si elle peine à s’expliquer par une soi-disant manipulation magique du fichier électorale,elle ne devait pas empècher qu’un débat puisse s’instaurer au sein de l’opposition pour déterminer où se trouvent les vrais enjeux du moment, dès l’instant où, même la communauté internationale rengaine son épée de Damoclès des sanctions pour accompagner la nouvelle légalité.




Malgré la campagne de déstabilisation entreprise, y compris par des présumés jihadistes, qui choisissent toujours, les moments les plus inattendus pour frapper la Mauritanie, les populations ont été réceptives au programmes de redressement engagés par le nouveau Président. Il est en effet curieux que les actions terroristes se soient intensifiées juste avec l’arrivée au pouvoir du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, qui avait annoncé et entrepris d’importantes réformes en faveur de l’unité nationale sous la dictée de son futur tombeur qui lui a meme suggéré semble -t- il d’aller plus loin en attaquant en priorité le dossier du passif humanitaire. L’avènement du Général Mohamed Ould Abdelaziz qui décide de geler les relations avec l’état sioniste d’Israël, poursuit les actions en faveur de l’unité nationale tout en s’attaquant de manière concrète à la gabegie, a connu les premières manifestations de kamikaze en Mauritanie. Les musulmans du monde entier et les mauritaniens en premier lieu, auraient mieux compris si tout cela s’était produit au moment ou Maouya Ould Sid’Ahmed TAYA installait à Nouakchott l’ambassade d’Israël, devant la consternation générale. Le premier locataire de cet ambassade se pavanait librement dans le pays.




L’opposition aurait du de manière désintéressée, saluer les réalisations et les actions du nouveau pouvoir d’abord, les accompagner selon ses moyens et ensuite seulement, le mettre en garde contre toute dérive dictatoriale ou attitude "revancharde" de règlement de compte s’il y a lieu.


LAJD/MR qui est restée constante dans sa ligne politique quoiqu’en pensent ses détracteurs de plus en plus zélés ,garde toujours sous les yeux sa boussole ; c’est pourquoi elle n’a pas perdu le nord au moment ou beaucoup s’interrogent sur leur propre trajectoire. Ses leaders dont le parcours politique ne souffrent d’aucune confusion des rôles et des attitudes, ne peuvent pas être distraits par des charlatans politiques de tout bord qui pensent que la lutte des places et des privilèges matériels, autorisent toutes les bassesses.




Nous sommes des démocrates convaincus qui refusons cependant de prendre les vessies pour des lanternes. Si les forces du progrès veulent avoir la Démocratie comme elle existe en mieux ailleurs, il faut qu’elles en paient le prix. Allah SWT a dit qu’Il ne change pas la situation d’un peuple, si celui-ci ne change ce qui est en lui…. La Démocratie : pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple, ne tombe pas du ciel, elle s’acquiert et se mérite.


Ce n’est pas en installant la Démocratie par un coup de baguette magique que l’ancien maître d’esclave renoncera volontairement à ses privilèges, que la marginalisation de communautés entières du fait d’une politique d’oppression nationale menée des décennies durant, s’estompera d’elle-même, que les richesses accumulées frauduleusement seront volontairement restituées pour un partage équitable des richesses, en un mot que les mauritaniens changeront par de simples élections et l’érection de certaines institutions pour qu’enfin Allah(SWT) vienne faire le reste.


Ce que nous avons toujours attendu tout en continuant à lutter pour ces choses essentielles que nous venons d’évoquer, c’est :


-un pouvoir qui se décide à prendre le taureau par les cornes même s’il est incarné par des hommes et des femmes issus du système ;


Pour le moment nous pouvons nous suffire des déclarations d’intention suivies d’actions concrètes qui ne les démentent pas. Le reste sera sanctionné par la constance dans la poursuite des objectifs visés.


Au-delà des multiples contacts que nous avons eus avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz et des déclarations publiques qu’il a faites avant et pendant la campagne électorale et après son investiture, c’est la Déclaration de Politique Générale de son premier ministre qui concrétise les réelles ambitions du nouveau pouvoir.


Globalement la Déclaration de Politique Générale du gouvernement annonce la rupture que nous attendions par rapport aux questions essentielles. Le gouvernement fait de l’unité nationale un objectif essentiel à atteindre et qui suppose "une rupture totale avec les pratiques défaillantes… en renforçant l’entente générale pour préserver notre société contre les dangers consécutifs aux sentiments de lésion, d’injustice et d’exclusion » que l’état s’engage même à "combattre toute pratique et discours contraires à l’unité nationale et entend promouvoir les organisations politiques et locales qui par vocation ou en priorité s’attaquent au tribalisme, au racisme, et aux appartenances étroites."


Des approches de "discrimination positive au profit des catégories démunis seront encouragées et le gouvernement poursuivra le Règlement du Passif Humanitaire, par la réparation des préjudices".




En décidant la libéralisation des ondes et la transformation des média publics en services publics véritables avec des missions bien précises, le gouvernement entend s’engager semble t-il, vers le pluralisme culturel et politique ce qui augure un changement véritable dans la transformation des mentalités.


Les réformes engagées pour un meilleur système judiciaire trouveront un écho favorable avec l’application d’une politique dynamique dans le domaine des droits de l’homme et des libertés notamment la liberté d’expression.




En ce qui concerne la répartition des richesses nationales, elle suppose une lutte soutenue contre l’enrichissement illicite et la gabegie. Des mesures sont annoncées pour ‘’ lutter contre la corruption et la politisation de l’administration – Placer l’homme qu’il faut au poste qu’il faut en sanctionnant le mérite, dans le cadre du rapprochement entre l’administration et le citoyen par la simplification des mesures administratives », tout cela concourt vers la justice sociale souhaitée.


L’unité nationale et la justice sociale, doivent être garanties et pérennisées par un état de droit pratiquant une bonne gouvernance.


Dans ce cadre, le gouvernement entend ‘’ assainir l’administration, augmentation des salaires des travailleurs pour les mettre dans de meilleurs conditions de travail, tout en pratiquant une politique de restructuration accompagnée par la campagne contre l’incompétence, les sureffectifs dans l’appareil administratif, les charges exorbitantes imposées à l’état dans le domaine des logements administratifs, l’énergie et le téléphone, le manque de transparence, la corruption de l’élite, l’incompétence et le manque d’expérience professionnelle des ressources humaines ».


L’état de droit a tout de même besoin d’organes de contrôle, interne et externe. La séparation des pouvoirs entre l’exécutif est le législatif figure en bonne place dans les orientations prises. Le gouvernement annonce’’ l’adoption de procédures d’interrogation du gouvernement et des instruments en rapport avec le bon déroulement du contrôle parlementaire’’.


Des techniques d’évaluation de l’action gouvernementale par le parlement seront adoptées et l’état appelle les pouvoirs judiciaires et le conseil constitutionnel à assurer leur rôle d’arbitre entre les pouvoirs exécutif et législatif.


Les autres aspects concernant le développement proprement dit du pays, sa défense ainsi que sa sécurisation ont été envisagés dans un esprit de rupture et d’efficacité. Dans beaucoup de points l’AJD/MR retrouve certaines de ses préoccupations inscrites dans sa Déclaration de Politique Générale et dans le discours programme de son candidat à la présidence de la république.


l’AJD/MR attend cependant des réponses et clarifications à certaines interrogations qui sont les siennes.


-En ce qui concerne l’unité nationale, le Règlement du passif humanitaire sera poursuivi par les réparations des préjudices subis. La nature de ces préjudices ne se limite pas aux seuls aspects matériels.La DPG mais n’évoque pas le devoir de vérité, de justice et la réhabilitation des martyrs du génocide perpétré par le régime de Maouya Ould Sid’Ahmed TAYA.


-En ce qui concerne l’esclavage, le gouvernement évoque la discrimination positive, est-elle réservée pour les anciens esclaves ?Il ne le dit pas mais n’évoque pas non plus l’application stricte de la loi criminalisant l’esclavage.


Dans ce contexte, la question des terres et l’application de la réforme foncière dans l’équité et la justice, ne peuvent être occultées.


-La question culturelle qui est un pendant de la question nationale n’a pas été abordée de manière efficiente. Le rôle des langues nationales et leur présence dans les médias officiels n’ont pas été évoqués et aucune disposition n’a été prévue dans ce cadre même si dans le programme de libéralisation des ondes et la redéfinition du rôle des médias publics ainsi que les campagnes d’alphabétisation annoncées, elles peuvent y trouver place.


-Le problème des rapatriés du Sénégal semble une question taboue pour tous les régimes y compris ce gouvernement, l’AJD/MR qui en a toujours fait cas, voudrait que le peuple soit enfin édifié sur le sort qui leur ai réservé.


-La politique étrangère quand à elle ne semble pas avoir évolué par rapport aux régimes précédents. En dehors du gel des relations avec Israël, rien de nouveau ne préfigure une réorientation correcte de la politique étrangère du pays qui dit-on sera fondée sur ses intérêts.


Dans ce contexte, le rôle de trait d’union entre le monde arabe et le monde africain noir n’est pas évoqué avec conséquence, pour qu’en décidant de construire le grand Maghreb, qu’on pense également à renouer avec la CEDEAO. L’engagement pour l’avènement des états-unis d’ Afrique n’est toujours pas à l’ordre du jour.


-l’AJD/MR attend avec impatience les Etats Généraux sur l’éducation nationale pour apporter sa contribution à ce débat essentiel pour la relance de notre éducation nationale. En attendant, nous souhaitons que le nouveau gouvernement prenne les dispositions nécessaires pour que les mauritaniens puissent s’entendre quand ils doivent se parler.


l’AJD/MR tout en comprenant la réalité de préserver notre état civil de toute forme de falsification, souhaite que cette mesure de redressement ne donne l’occasion à des décideurs mal intentionnés de poursuivre des objectifs inavouables. Nous rappelons à cet égard que durant les événements de 1989, beaucoup d’archives et de pièces d’état civil ont été détruites par certains représentants de l’autorité et qu’en cherchant les sénégalais ce sont des mauritaniens qu’on a trouvés pour les déporter.


Une chose cependant nous inquiète au plus haut point, même avec la tenue des récentes Journées de Réflexions organisées par les partis et les parlementaires de la majorité, le fait que la Déclaration de Politique Générale du gouvernement n’ait pas repris les engagements du Président de la république à l’époque Président du Haut Conseil d’Etat (HCE) d’appliquer tous les points de consensus des Etats Généraux de la Démocratie,organisées durant la transition.


Ces points répondent pour l’essentiel aux questions que nous venons d’évoquer plus haut,entre autres :


*l’application effective de la loi criminalisant l’esclavage ;


*la prise en compte des rapatriés du Sénégal ;


*la régularisation de la situation des militaires exclues de l’armée ;


*le règlement définitif du passif humanitaire ;


*l’officialisation des langues nationales ;


*le service militaire obligatoire et


*la reforme et la modernisation de l’institution militaire pour une armée


républicaine en dehors du champ politique.




Nous savons que le Président de la république est un homme de parole, par conséquent, les questions liées au calendrier, aux stratégies et à la gestion des impondérables, doivent faire l’objet de concertations pour permettre à tout un chacun d’apporter sa contribution dans le relèvement des défis posés.




Nouakchott le 26 janvier 2010
Le Bureau Politique de l’AJD/MR
www.ajd-mr.org
ajdmrcommunication@gmail.com

mardi 8 décembre 2009

Pobbi conngii barooÉ—e


Boolumbal wullii luukii
hoodere siirti dow jeeri
Jooli kaaYe fof girnyitii faayii
Golal laamu boto boto diirii
duule pelɓondiri toɓo jippii
kono ko jamngel pittaali toɓi
pobbi conngii baroo É—e dow Jeeri
bonoore se ɗii sagataa ɓe ngenndi
soofaaji leydi-am ɓe kalkii ngartoraani
Saare am sunii foofaani

Mammadu Sammba Jah mawnum Jarno
korsuÉ—o neene Raabi nawaama artaani
pobbi conngii barooÉ—e dow jeeri
Ko Usmaan Abdalla Usmaan ɓe mobbi
capatal Wele hannde min mbeltaaki
yelle Woojere Wele Be njolnii e biir ɓe nawii
GiÉ—o Cilo Budal yahii waynaaki
woppii baayeeji ndiwnaani

Sammba Demmba Kulibali min ngoyii
ɓe nawii njoolam yaakaare Baaba Demmba
pobbi conngii barooÉ—e dow jeeri
Arme malaani pullo Bilbasi
Saada Binta Sooyel Be nawii
Pullo tinaani ndeke jamfa jolii
ndoorel wonaa sehil ko jamfa muyni

Pobbi conngii barooÉ—e dow Jeeri
Jayli Bah yahii waynaaki
ñande heen jeyli ndillaani
Be pellaa no jigaaje e pooli
pobbi conngii barooÉ—e dow Jeeri

DenÉ—i! mi eeriima taan Toorodo
Jaalal galle Baaba Bokar ɓe liɓii
Sammba Sumarel jolii e biir ɓe nawii
Ko jamma jeytaare Be njuÉ—imo
sukuño wiyi ina welna juulde ngenndi
alaa ko welatamo so wonaa layyaade teew ɓaleejo
jamma 28 nowamburu ko 28 sagata ɓe kutti
petelaaji ɓe pelli,
ataaye ɓe njartii
jaleeɗe ɓe kakki
koyɗe ɓe pawondiri
Aararaay ɓe mbeeyni
ngam weltaare nge yannge jigaaje
pobbi conngii barooÉ—e dow Jeeri.

- MboÉ—o woya mi yejjitaani kaawoyam
Soh pullo taan Alfaa mawnum Paali
noddumi ko yelle Tullaay e Halimata
korsuÉ—o maamooy Binta
Afo Baaba Mamma Sibaa
ɓalawol yooɗi yuumti no fino Alla
ɓe mbarii Hammadi jaagal wuro e ladde
pobbi conngii barooÉ—e dow jeeri
bonoore seÉ—i sagataabe nder jeereende

Jammaaji Inaal kulɓiniima,
jammaji Nebeyka kulɓiniima
jammaaji Jereyda kulɓiniima
Jammaaji Aslaat kulɓiniima
Pobbi conngii barooÉ—e dow Jeeri.

Wuram É—aanaaki É—aldaama yeeweende
É—aanaaki ne kay yummum Abdul Bukka Njaay
Takkusaan ina eeree, curuyal haggi laaÉ—e
kure ina cokkee e Abdul e baaÉ—iraagel yari maayo
taanum Dikkal ganndo maayo e noodi Be njoolii.
Yumma ina ndaara o bone waawanaa
nde tooñannge É“urtii korsa haÉ—ataa
ko gubboowel ceene o waÉ—aa, caggal wuro o werlaa
Neene Amnata momtu gonÉ—i munyaa
duwaaw ngayniraa nduusiraa Abdul ma.

MboÉ—o woya mi gaynaani hiiwtaade
hay sinno jamfa waÉ—iikam ko ina wara
Maalik coftungel Gorel mi yejjittaa
ko fedde am haÉ—tii nde waasi jahdiiÉ—o
mboÉ—o naji mboÉ—o janngto mi deÆ´Æ´aani
haa giÉ—o siftinimi Baaba Hammadi Juumo ko É—oo rewi
Gila naange fuɗaani fittaandu makko ɓe ndiiftii
Be mbarimo hay juuldemo ɓe kaɗi
galle ɓe naati hay woydemo ɓe karmini
kurusaaji Be taÆ´i, duwiiÉ—o waaltoyaa wirto Bennaa
waÉ—de saare am woyii deÆ´Æ´aani.
Saare am woyii deÆ´Æ´aani Aamadu Sal Tokosel
cukalel yontaani be petti suumtii haa maayi.

Saare am woyii deÆ´Æ´aani Babayal Jah
Baaɗum kaamiilu kaɓɓaaɗo
Ko piile cuumti Jarno haa maayi.
Ko o yimno lollini SYBAHSAAR haa jookli fof nani
Saare am woyii Iisa Sumarel haa dow koylel mbaara.
Kono haa jooni leñol faamaani
ko Æ´akki jalo e jammbere woppaa gerte cahaaÉ—e.

Kaaw Tokosel Tuure - Jowol- Muritani.
Source : flamnet.info